Aux côtés de Technis et Darix, AgroSustain - et son COO Jean-Pascal Aribot - était l'une des trois start-up à se présenter début juin devant un parterre d'investisseurs spécifiques lors d'un petit déjeuner organisé par la FIT et la BCV.
Depuis trois ans, la BCV tisse des liens entre start-upper et investisseurs. En juin, trois jeunes sociétés ont eu la possibilité de se présenter lors d’une réunion et d’exposer leurs besoins financiers, mais pas seulement.
Depuis fin 2015, «deux contacts ont déjà débouché sur des investissements». Pour Julien Guex, de la FIT, la Fondation pour l’innovation technologique, les petits déjeuners qu’elle organise avec la Banque permettent à deux mondes d’entrer en contact: les investisseurs et les start-upper. Et, particularité de la manifestation qui vient de vivre sa sixième édition, les investisseurs en question ne sont pas les habituels business angels, mais des clients de la Banque qui s’intéressent à cet écosystème si présent aux alentours de l’EPFL et qui estiment que financer ces jeunes pousses représente une manière de diversifier leur portefeuille.
Partenaire depuis les débuts de la FIT en 1994, la BCV y investit aujourd'hui CHF 500 000 francs par an. Ce qui constitue l’un de ses soutiens à l’écosystème vaudois de l’innovation. «En tant que banque cantonale, nous sommes convaincus de notre rôle dans cette mise en relation entre investisseurs et entrepreneurs». Pour Patrick Botteron, directeur du Private Banking Onshore à la BCV, de nombreuses pépites ne demandent qu’à briller dans la région.
Ils sont anciens professeurs de l’EPFL, entrepreneurs ou collaborateurs de grands groupes curieux de voir ce qui émerge dans leur domaine. Ils sont là ce premier vendredi de juin pour découvrir trois start-up en quête de fonds, AgroSustain, Technis et Darix. Un choix opéré par la FIT, dont la BCV est partenaire depuis ses débuts en 1994, qui suit, coache et soutient des projets prometteurs.
AgroSustain tient à participer à la diminution des déchets et emballages alimentaires. Elle a découvert un cocktail bio de molécules antifongiques qui allonge la durée de conservation des fruits et autres légumes entre leur cueillette et leur consommation. «Nous travaillons avec Agroscope et des distributeurs de la place, dont Migros ou Fenaco», précise son CTO, Sylvain Dubey. Elle cherche CHF 700'000 notamment pour financer la certification de ses traitements, souligne son COO Jean-Pascal Aribot. Les deux représentants de la start-up apprécient particulièrement l’interaction avec les personnes présentes dans la salle. «Leurs questions pertinentes nous aident à réfléchir autrement et à valider nos modèles». Bien sûr que l’argent est le nerf de la guerre, mais les réseaux tissés lors de ces manifestations ont également de la valeur, ajoutent les représentants d’AgroSustain.
Wiktor Bourée, CEO de Technis, parle, lui, de «smart money». Traduit littéralement: de l’argent intelligent, soit avec quelque chose en plus, qui peut être le réseau ou l’expérience. Il présente ses sols connectés. Une pellicule fine munie de capteurs, qui détecte tout ce qui se passe dans une pièce. Elle permet ainsi à une société d’entretien des toilettes publiques de procéder au nettoyage des lieux en fonction de l’affluence. Il entrevoit aussi de nombreuses utilisations de son produit dans le domaine de la santé, notamment dans les EMS. Il s’agit alors non seulement de détecter la chute d’un pensionnaire, mais aussi de l’anticiper en notant le changement de comportement de la personne. «Nous ne fournissons pas de hardware, mais un service tout au long de la chaîne de valeur du produit», explique le CEO en répondant aux questions de la salle après avoir souligné qu’il cherchait CHF 1,5 million, dont une première tranche d’ici à fin juin.
Même somme pour Darix. La société développe des applications de vision augmentée. Elle travaille notamment en collaboration avec les pompiers. Elle leur fournit des «lunettes intelligentes» pouvant s’intégrer dans un masque que les hommes du feu revêtent pour s’engouffrer sur les lieux d’un incendie. Ces verres intelligents leur permettent de mieux se repérer ou d’identifier d’éventuelles victimes. Martijn Bosch, son CEO, parle aussi des applications futures, comme la possibilité de détecter des poches de gaz dans un incendie. Il apprécie l’intérêt porté à ses produits et les discussions qui ont suivi. «Nous pouvons ainsi réfléchir différemment pour mieux approcher le marché».
«Cette réunion a le mérite de présenter des start-up de qualité, actives dans différents secteurs et déjà avancées dans leur projet. On sent qu’elles sont coachées», se félicite Christine Gaulis, investisseuse qui se dit prête, selon les projets, à endosser un rôle aussi bien passif qu’actif dans les entreprises qu’elle finance. Elle participe à son premier «petit déj’ FIT-BCV», mais a déjà fréquenté nombre de manifestations liées aux start-up. «Je marche au coup de cœur, ensuite je parle beaucoup avec les fondateurs pour mieux cerner leur vision et leur management. Ce type de réunion n’est que le début d’une éventuelle démarche».
Et c’est bien ce que veut la FIT. «Nous cherchons à élargir la communauté des investisseurs à moyen terme», insiste Julien Guex en expliquant que le choix des sociétés présentées n’est pas anodin. Non seulement, ce sont des start-up qui ont besoin de financement, mais elles représentent aussi différents domaines et sont à divers stades de maturité. Et si deux concrétisations ont déjà eu lieu, il avoue être au courant que d’autres «discussions sont en cours». Rendez-vous à l’automne pour la prochaine rencontre.
Anne Gaudard, rédactrice BCV
Pour en savoir plus:
Les sites des start-up présentées: AgroSustain, Technis, Darix