En une heure, les investisseuses et investisseurs potentiels découvrent les start-up et écoutent leurs besoins.
Trois start-up vaudoises sélectionnées par la Fondation pour l’innovation technologique (FIT) rencontrent des investisseuses et des investisseurs locaux: le petit-déjeuner organisé le 10 mai dernier à la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) montre que ce format proposé par la BCV continue de faire ses preuves.
HemostOD, issue de l’EPFL, fabrique des plaquettes sanguines à la demande, et sa solution peut sauver des vies. Transporter du matériel médical et pharmaceutique est au cœur de l’activité de Swiss AirTainer, qui conçoit à Yverdon-les-Bains des conteneurs à température constante, développés notamment en matériaux composites. Des technologies parfois difficiles à recycler: à Écublens, Composite Recycling a développé un procédé de pyrolyse qui permet de séparer et réutiliser ces matériaux, en particulier les coques de bateaux et les pales d’éoliennes.
Difficile de faire plus circulaire! S’il fallait illustrer la diversité, la richesse et les synergies possibles au sein de l’économie vaudoise, le casting du petit-déjeuner organisé conjointement par la BCV et la FIT, le 10 mai dernier, était réussi. Les entreprises y sont sélectionnées par la FIT sur toute une série de critères, parmi ses différents bénéficiaires. «La cohérence d’ensemble est bien entendu un souci, mais nous choisissons aussi des sociétés de taille et de secteurs différents, qui souvent disposent déjà d’une clientèle et de revenus, et des projets qui peuvent être ‹pitchés› assez rapidement», explique Julien Guex, secrétaire général de la FIT.
Une heure pour des échanges denses
Montre en main, ces rencontres mises en place par la BCV en 2015 se déroulent sur une heure. Le temps nécessaire pour des investisseuses et des investisseurs potentiels – ou des actrices et acteurs économiques identifiés par la Banque –, de découvrir le visage de ces jeunes pousses vaudoises en pleine croissance, d’écouter leurs besoins. Et de poser des questions clés. On sent, à écouter le public présent ce jour-là, que ce dernier est rodé: réalité du marché, concurrence, business-model, nombre et types de brevets, tests utilisés pour valider les technologies… Il est composé de personnes qualifiées qui ont de l’expérience dans le domaine financier, une maîtrise des questions juridiques ou technologiques et qui ne laissent rien au hasard. Pas de quoi déstabiliser les start-uppers présents, cependant, plus qu’habitués à «pitcher»: toutes les personnes présentes ont déjà levé des fonds par le passé et mené des projets conséquents. Seul détail pour certains: «ça fait longtemps que je n’ai pas ‹pitché› en français! D’habitude, c’est plutôt l’anglais.»
C’est peut-être tout l’enjeu de cette matinée: permettre à des entreprises locales de rencontrer des investisseuses et investisseurs vaudois. Une problématique centrale dans le développement du tissu économique local. «Il est toujours plus simple d’investir près de chez soi, car les échanges sont naturels et facilités», explique Julien Guex. Et pour les entreprises, ces financements de proximité sont particulièrement précieux, d’abord pour une raison conjoncturelle. Si, en 2021, les fonds levés par les start-up vaudoises – et suisses – ont atteint des records quant au nombre de tours moyens et de quantité d’argent levée, le secteur technologique est en train de connaître un léger recul. «Sur 2022, la tendance est la même au premier trimestre, mais on sent un certain ralentissement», observe Julien Guex. Ce ralentissement n’est pas spectaculaire, mais pour les jeunes entreprises concernées, en pleine croissance et qui ont besoin de fonds dans des secteurs innovants et concurrentiels, cela peut être une vraie problématique.
Soutenir l’innovation vaudoise
La seconde motivation pour disposer d’investisseuses et d’investisseurs locaux est plutôt structurelle. «Sur les premières levées de fonds, qui concernent la création d’un produit et son développement, les financements sont quasi toujours locaux. Ceux provenant de l’étranger apparaissent lors de la phase de croissance. C’est une chance, mais peut-être aussi le risque que l’activité s’en aille un jour», pointe le directeur de la FIT. Or, «la mission naturelle et fondamentale de la BCV, c’est de contribuer à la prospérité de notre canton. Et l’innovation d’aujourd’hui, ce sont les emplois de demain», assure Patrick Botteron, à la tête du Private Banking de la BCV. Pour la Banque, donner une visibilité aux start-up et aux entrepreneuses et entrepreneurs locaux auprès de la clientèle, partenaires, actrices et acteurs de l’écosystème, c’est s’assurer que la richesse créée localement puisse rester dans le canton. C’est en ce sens que la Banque finance, aux côtés du canton et d’autres partenaires, la Fondation pour l’innovation technologique depuis 1994. En 28 ans, 58 millions de francs ont ainsi été investis dans des entreprises innovantes, engendrant près de de 2 930 emplois qualifiés dans le canton de Vaud (et 1 625 à l’international), soit en moyenne 18 équivalents temps plein par entreprise.
Au-delà des précisions sur les technologies et les marchés concernés, l’emploi, et surtout la possibilité de garder l’activité sur sol vaudois, est une question qui revient parmi les investisseuses et investisseurs qualifiés présents. Ils ne se privent pas pour poursuivre les discussions autour d’un café, avec les start-uppers présents. Entre ces expertes et experts de l’innovation, le réseautage est instantané. Si, durant la pandémie, les petits-déjeuners BCV & FIT se sont poursuivis en ligne, le retour des échanges en face à face reste apprécié par tout le monde. Car la décision d’investissement, même – ou en particulier – dans les domaines le plus pointus, reste un choix humain profondément lié à des rencontres de qualité.
Par Camille Andres pour la BCV