La consommation de cannabis à des fins récréatives, mais surtout thérapeutiques, est désormais légalisée dans plusieurs pays, ouvrant ainsi de prometteuses perspectives. De quoi attiser la concurrence sur un marché qui va s'intensifier ces prochaines années.
Après presque un siècle de prohibition du cannabis, où la production, la vente et la consommation de marijuana ont été vivement combattues, la donne est en train de changer. Après l’Uruguay et plusieurs états américains dont la Californie, le Canada va légaliser la consommation du cannabis récréatif à partir du 17 octobre 2018. Il deviendra ainsi le premier pays du G7 où il sera légal de cultiver ou de consommer du cannabis à des fins récréatives. Cette libéralisation va permettre au gouvernement canadien de tabler sur des recettes fiscales de l’ordre de 400 millions de dollars canadiens, sur un marché estimé de 6 à 7 milliards de dollars canadiens (3.9 à 4.5 milliards d’euros).
Mais l’histoire ne s’arrête pas là: de plus en plus d’états légalisent l’usage de ce produit à des fins médicinales en plus de récréatives, ceci ouvrant la voie à un marché totalement neuf avec des perspectives alléchantes. Selon une étude du cabinet Arcview, publiée en janvier 2018, la vente légale de cannabis dans les états américains qui l’autorisent générera un chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars en 2021, contre 16 milliards en 2017. Près d’une centaine de petits producteurs locaux se partagent le marché. Mais aucun n’est entré en Bourse, car le cannabis demeure illégal aux États-Unis au niveau fédéral.
En attendant, ce sont des entreprises canadiennes, comme Canopy Growth, Hydropothecary et Aurora, qui se taillent la part du lion. Si l’on observe le marché mondial, huit des dix plus grandes sociétés impliquées dans la culture de cette plante sont canadiennes. Elles ont pris beaucoup d’avance sur la concurrence internationale. Ces sociétés ciblent les états dont la législation autorise le cannabis thérapeutique délivré sur ordonnance, soit plus d’une quarantaine de pays dont l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni. En Allemagne, le cannabis utilisé à des fins thérapeutiques est même remboursé par le système de santé.
Bien entendu, les entreprises canadiennes vont faire face à une concurrence accrue qui va s’intensifier dans les années à venir dans un marché mondial du cannabis qui devrait peser entre 100 et 200 milliards de dollars par an, selon différentes estimations, et dont le médical devrait représenter la moitié.
Dans l’immédiat, on assiste à des investissements dans les capitaux des principaux acteurs canadiens, une manière indirecte de prendre part à ce marché. Par exemple, l’américain Constellation Brands, spécialisé dans la production et la distribution de boissons alcoolisées, a pris une participation de 9.9% dans le capital de Canopy Growth. A la bourse de Toronto, la capitalisation boursière de Canopy a été multipliée par trois en un an. Un avant-goût des perspectives qu’offre ce marché.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 8 octobre 2018