Christine Lagarde jugée "exceptionnellement qualifiée" pour présider la Banque centrale européenne.
Le 31 octobre 2019 ne sera pas seulement le jour d'Halloween ou du début du Brexit. Il marque également le dernier jour du mandat de Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE). Son successeur probable? Christine Lagarde, l'actuelle dirigeante du Fonds monétaire international (FMI).
La nomination de Christine Lagarde à la présidence de la BCE, si elle est confirmée par les chefs d'États de l'Union européenne, sera une véritable double première – la première femme à la tête de le BCE ainsi que la première personne sans diplôme d’économie.
Avocate de métier, ses compétences sont indéniables. «Exceptionnellement qualifiée pour le poste», juge Benoît Cœuré, membre du directoire de l'Institut de Francfort. Il souligne également les talents diplomatiques de Christine Lagarde, sa bonne connaissance des institutions européennes ainsi que son rôle à la tête du FMI.
Bien qu’il ne soit actuellement pas possible de deviner la future politique monétaire de Christine Lagarde, il est évident que, sans les connaissances fines des mécanismes monétaires, les décisions de la BCE se feront avec la proche collaboration du conseil des gouverneurs. Au centre de celui-ci, le nouveau chef économiste, Philip Lane.
L’ancien chef de la Banque central d’Irlande a pris le poste au conseil, succédant à Peter Praet qui terminait son mandat au mois de mai. Philipe Lane est très connu et respecté par les diplomates européens. Mario Draghi lui-même le considère comme un des économistes les plus qualifiés de la zone euro. Parmi les experts, Philip Lane est jugé pour avoir des visions de politique monétaire similaires à celles de Mario Draghi.
Dans trois mois, le nouveau conseil des gouverneurs, sous la direction de Christine Lagarde, devra faire face aux nouveaux défis se profilant pour l’institution. Alors que l’économie européenne donne des signes de faiblesse, la cible des 2% d’inflation n’a toujours pas été atteinte. Ces prochains mois, elle devra faire preuve d’inventivité et de souplesse pour trouver de nouveaux leviers d’action sur l’économie.
Selon un article publié par Bloomberg la semaine passée, la BCE réfléchit sérieusement à revoir sa cible d'inflation. L'objectif actuel vise une inflation «inférieure à, mais proche de 2%». Dorénavant, toujours selon Bloomberg, la BCE pourrait adopter une politique dite symétrique, permettant une inflation légèrement supérieure à l’objectif pendant une certaine période, avant de réagir et de durcir sa politique monétaire. Un changement de cible d’inflation pourrait être le signal fort que l’institution est prête à relancer des mesures accommodantes pour soutenir la croissance.
Un remaniement du cadre serait une autre étape dans la transformation de la BCE au cours des deux dernières décennies, passant d’une banque centrale traditionnelle, inspirée de la Bundesbank, à une stratégie novatrice pour un monde dans lequel les modèles économiques classiques ne semblent plus fonctionner.
Par Benjamin Gross, BCV
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 23 juillet 2019