Un essor mondial pour le marché végane.
L’alimentation végane gagne de plus en plus d’adeptes et l’offre se développe régulièrement. Plus qu’un épiphénomène, cette tendance de fond n’a pas échappé à la grande distribution qui compte bien participer à son développement.
À fin décembre, Nestlé annonçait qu’il commercialiserait son premier burger végétal au printemps. Convaincu de l’avenir des produits véganes, le groupe de Vevey veut sa part du marché et va développer en 2019 sa gamme «Garden Gourmet» composée de substituts végétaux de viande.
Il vise un chiffre d’affaires de USD 1 milliard sur le segment d’ici 2028. Nestlé s’était déjà positionné dès 2017 avec l’acquisition de l’américain Sweet Earth Foods, spécialisé dans le surgelé, les burritos et diverses sortes de sandwichs sans viande. Il avait alors estimé le marché américain à USD 5 milliards d’ici 2020.
La concurrence n’est pas en reste. Le conglomérat anglo-néerlandais Unilever, à travers ses marques Knorr et Ben & Jerry’s, vend déjà 700 produits sous le label de l’Union végétarienne européenne V-Label. Il a noué des relations commerciales aux Pays-Bas en 2016 déjà avec De Vegetarische Slager (le boucher végétarien), qui fournit des produits totalement véganes, et a fini par le racheter en décembre dernier.
Toujours en 2016, le français Danone, leader mondial du yoghourt, s’est lancé dans la bataille en rachetant WhiteWave, un des grands groupes véganes aux États-Unis, pour USD 12,5 milliards. Il a également dans ses filets le belge Alpro, spécialiste des produits végétaux de substitution des produits laitiers.
En avril 2018, le groupe belge de grande distribution Colruyt, connu pour ses supermarchés hard-discount, a pris une participation dans l’entreprise néerlandaise Ojah, concurrente de De Vegetarische Slager. Ojah fabrique des produits protéinés à base de plantes, qui ressemblent à de la viande et dont la texture est similaire en bouche.
La start-up californienne Beyond Meat, fondée en 2009, s’est fait connaître avec son burger végétal conçu pour ressembler et avoir le goût du boeuf haché traditionnel. De grands noms de l’industrie, tels que Tyson Food, numéro un de la viande aux États-Unis, Bill Gates, Leonardo DiCaprio ou encore Biz Stone, cofondateur de Twitter, ont investi dans la jeune pousse. En fin d’année dernière, elle a déposé une demande d’introduction en bourse, afin d’être cotée à Wall Street. Son objectif est de lever USD 100 millions. Si sa demande est acceptée, Beyond Meat deviendrait la première entreprise du secteur cotée en bourse.
La course aux alternatives végétales à la viande est bel et bien lancée et les concurrents sont déjà nombreux. Rien qu'aux États-Unis, une dizaine d'entreprises sont positionnées sur le segment. Au niveau mondial, le marché des substituts de viande devrait largement dépasser USD 4 milliards en 2018 et atteindre quelque USD 6,4 milliards d'ici 2023, selon les estimations de MarketsandMarkets. De quoi aiguiser encore plus l'appétit de la concurrence.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 21 janvier 2019