Le "shutdown" provoque la suspension de certaines activités gouvernementales.
Le «shutdown» c’est plus de 800 000 fonctionnaires au chômage technique et une perte de croissance au premier trimestre.
Le «shutdown»? C’est une mesure qui figure dans la Constitution américaine et qui est activée lorsque le Congrès se trouve dans l’impossibilité de voter le budget. Cela provoque une paralysie de l’administration et, de ce fait, le gouvernement se trouve dans l’impossibilité de payer ses fonctionnaires.
Les fonctionnaires qui n’occupent pas des postes stratégiques ou considérés comme essentiels sont alors mis au chômage technique. Ils sont ainsi plus de 800 000 à ne pas toucher leur salaire depuis plus d’un mois. Si 320 000 d’entre eux ont été placés au chômage technique, les 480 000 restants continuent de travailler sans solde. À noter que, mi-janvier, Donald Trump a promulgué une loi, validée par le Congrès, qui garantit le paiement des salaires avec effet rétroactif dès que la situation sera réglée. Il est important de souligner que les fonctionnaires devraient être crédités du salaire qui leur est dû, mais il n’en va pas de même pour le million de salariés des services privatisés ou des sous-traitants des établissements publics qui devraient, eux, ne pas être rémunérés pour cette période.
Le «shutdown» qui a débuté le 22 décembre 2018 est le dix-neuvième, et le plus long, de l’histoire des États-Unis. Jusqu’ici, c’était celui de 1995, sous la présidence de Bill Clinton, qui détenait le record, avec une durée de 21 jours. Pour rappel il a été déclenché par le président républicain Donald Trump qui ne parvient pas à faire approuver par le Congrès, spécialement par la Chambre des représentants à majorité démocrate, son projet de construction de mur antimigrants à la frontière mexicaine. Le coût de ce mur est estimé à plus de 5,7 milliards de dollars...
Dans le but de sortir de cette impasse, le Sénat américain s’est prononcé, le jeudi 24 janvier dernier, sur un projet de loi républicain soutenu par Donald Trump et sur un texte émanant du parti démocrate: tous les deux ont été rejetés. Or, contre toute attente, le président américain a annoncé, vendredi 25, la signature avec les dirigeants du Congrès d’un accord mettant fin provisoirement au «shutdown». Cet accord garantit le financement de l’administration fédérale jusqu’au 15 février 2019. Mais sans accord sur le financement du mur d’ici là, un nouveau «shutdown» est à prévoir…
Selon l’agence de notation financière Standard & Poor’s, les 16 jours de «shutdown» en 2013 avaient coûté environ 24 milliards de dollars et 0,6% de croissance. D’après le président de la Fed de New York, ce dernier «shutdown» pourrait faire perdre près d’un point de pourcentage à la croissance de l’économie américaine au premier trimestre 2019. De façon non exhaustive, nous pouvons également citer les conséquences suivantes: blocage de la commercialisation de nouveaux médicaments, suspension de certaines aides sociales, arrêt des crédits garantis par l’État à l’attention des employés de PME, coupure des standards téléphoniques des administrations, fermeture des parcs nationaux et des musées, suspension de certaines activités gouvernementales, etc.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV, le 28 janvier 2019