Les investisseurs délaissent des valeurs de croissance «growth» pour se tourner vers des valeurs de substance «value».
Une rotation sectorielle est en train de se produire sur les marchés actions. Les investisseurs vendent des valeurs de croissance («growth») pour acheter des valeurs de substance («value»). Mais de quoi s’agit-il?
Les valeurs de croissance regroupent les entreprises qui bénéficient de bonnes perspectives pour leurs chiffres d’affaires et leurs résultats. Elles se retrouvent par exemple dans les secteurs technologiques et du luxe. Les actions des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), de LVMH ou de Richemont peuvent être considérées comme des valeurs de croissance par excellence. Ces valeurs se distinguent souvent par un dividende faible, car ces sociétés ont besoin de réinvestir une part importante de leurs bénéfices pour poursuivre leurs développements. Les valeurs de substance regroupent, quant à elles, des sociétés dont le prix de l’action est inférieur à leur valeur intrinsèque. Ces valeurs sous-évaluées se caractérisent généralement par un rendement (dividende / cours) plus élevé que la moyenne. C’est notamment le cas des valeurs financières, industrielles, énergétiques ou liées au tourisme et au transport.
Si les «growth» ont fortement progressé depuis le mois de mars 2020, les «value» ont été délaissées par les investisseurs. Ces dernières se sont réveillées en novembre passé, alors que les marchés commençaient à entrevoir une sortie prochaine de la crise avec l’arrivée de plusieurs vaccins. Les rendements des obligations d’États repartent par ailleurs à la hausse et atteignent ces derniers jours leurs plus hauts niveaux depuis douze mois, accentuant cette rotation vers les cycliques et les «value». Ces hausses de taux ont un impact direct sur les valorisations des entreprises de croissance, par le biais de l’actualisation des cash flows qui leur est désormais moins favorable. Ces valeurs apparaissent dès lors moins attrayantes en raison du renchérissement du financement de leur développement. Le segment «growth» du S&P 500 n’affiche ainsi qu’un gain 7% depuis le pic de sa surperformance début novembre, alors que le segment «value» se distingue avec une hausse de 17%.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV le 2 mars 2021