Dans un contexte incertain, certains constructeurs automobiles ont tiré leur épingle du jeu
Dans un environnement incertain, perturbé par les difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs et les hausses de coûts liées à l’inflation des prix de l’énergie et des matériaux, les constructeurs automobiles Renault et Stellantis ont tiré leur épingle du jeu au premier semestre.
Une stratégie porteuse
Renault a accéléré son redressement et sort de sa phase «d’urgence». La perte nette de EUR 1,35 milliard accusée au premier semestre après la provision de EUR 2,3 milliards liée à la cession des activités en Russie, est tempérée par une amélioration sur le plan opérationnel. Le chiffre d'affaires est resté stable à EUR 21,1 milliards. Les difficultés de production ont été compensées par une augmentation des prix et une baisse des rabais consentis à la clientèle. Avec le plan Renaulution, le groupe vend moins de petites voitures, et plus de berlines et de SUV. Couplée à des économies de coûts de EUR 100 millions, cette stratégie a permis d'augmenter la marge opérationnelle (hors Russie) à 4,7% contre 2,1% au premier semestre. Avec trois ans d’avance sur le calendrier initial, le groupe a relevé ses objectifs et vise une marge opérationnelle de 5%. De nouveaux objectifs seront annoncés cet automne.
Record de profit net
Stellantis a une nouvelle fois battu son record de profit net avec EUR 8 milliards au premier semestre, en hausse de 34% sur un an. La marge opérationnelle a grimpé de 11,4% à 14,1%, au même niveau que celle de Mercedes, une performance exceptionnelle pour un constructeur automobile généraliste. Les ventes ont baissé de 7%, mais le groupe a su prioriser le marché nord-américain, où il dégage les plus fortes marges et où sa part de marché représente 23,5%. Stellantis reste prudent pour la suite et a revu ses prévisions de ventes annuelles à la baisse. L’objectif d’une marge opérationnelle à deux chiffres reste inchangé.
Bilan mitigé pour certains constructeurs automobiles
Mercedes a vu sa stratégie de repositionnement vers le luxe payer (bénéfice net au deuxième trimestre de +2% à EUR 3,2 milliards). Le constructeur a relevé ses objectifs annuels d’Ebit de «stable» à «légèrement supérieur» et de chiffre d’affaires de «légèrement» à «considérablement supérieur».
BMW accuse le coup d’une demande qui ralentit et de sa faible exposition aux États-Unis (20% du chiffre d’affaires). Au deuxième trimestre, les livraisons ont chuté de 20%, le bénéfice net de 36% à EUR 3,05 milliards et la marge opérationnelle est tombée à 8,2% contre 15,8% au deuxième trimestre en 2021.
Volkswagen a vu aussi ses résultats chuter (bénéfice d’exploitation au deuxième trimestre de -28% à EUR 4,7 milliards, livraisons au premier semestre de -20%). Pour l’ensemble de l’année, VW anticipe des ventes en hausse de 8% à 13%, une marge d'exploitation de 7% à 8,5% et des livraisons en hausse de 5% à 10%.
En Asie, Toyota (Ebit au premier trimestre de -42%), Nissan et Honda ont tous trois été durement touchés par les confinements en Chine et les difficultés d’approvisionnement. Conséquence du long contentieux entre la Chine et le Japon, ils ont du mal à sécuriser leur approvisionnement en batteries. Honda va désormais se concentrer sur les véhicules hybrides plutôt que les purs électriques.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Marchés" de la Salle des marchés de la BCV, le 23 août 2022