L’investissement socialement responsable présente un caractère inclusif dont les retombées positives rejaillissent sur la collectivité.

VOTRE ARGENT 3 décembre 2020
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Investissement durable: le bon calcul à long terme

L’investissement socialement responsable (ISR) crée une dynamique vertueuse qui bénéficie non seulement aux investisseurs, mais aussi aux acteurs économiques et à la collectivité.

D’aucuns lui prédisaient la trajectoire d’une comète. Il est devenu une constellation bien établie de l’univers financier. L’investissement socialement responsable (ISR) représente aujourd’hui une tendance structurelle incontournable, comme en témoigne l’afflux massif de capitaux vers ce type de placements. En Suisse, le volume des fonds durables a été multiplié par 36 en dix ans. La crise sanitaire mondiale a encore donné plus de résonnance à la thématique et accéléré les flux vers l’ISR. Après un ralliement marqué des investisseurs institutionnels, l’ISR suscite aujourd’hui un intérêt croissant chez les particuliers.

Guidé par le bon sens plutôt que par la morale

Pour les investisseurs, l’attrait de la finance durable tient à sa capacité à combiner un mode de placement responsable avec des rendements intéressants et une meilleure maîtrise du risque. L’application de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) leur offre l’opportunité de se focaliser sur les entreprises aux modèles d’affaires les plus pérennes. Car, derrière la notion de durabilité pointe une évidence: la résilience d’une entreprise résulte largement de sa gestion responsable, de ses bonnes pratiques de gestion opérationnelles et de sa gouvernance.

L’élargissement du champ d’analyse à des critères extrafinanciers permet, parallèlement, d’éviter de s’exposer à des sociétés peu scrupuleuses qui pourraient faire perdre tout ou partie du capital investi. Sur ce plan, les intérêts des investisseurs et les principes élémentaires de l’éthique se rejoignent parfaitement. Qui, en effet, aurait souhaité être l’actionnaire, ou le créancier, d’une major pétrolière dont les dérives opérationnelles ont été à l’origine d’une coûteuse marée noire? Ou d’une fintech coupable de fraude comptable massive dont le modèle de surveillance défaillant conduit tout droit à la case faillite? Ou d’un groupe d’habillement, coqueluche des réseaux sociaux, dont la réputation est aujourd’hui ruinée par des pratiques de sous-traitance associées à l’esclavagisme?

Dynamique vertueuse

Ainsi, ceux qui réduisent l’ISR à une simple opération de récupération pour se donner bonne conscience font fausse route. L’ISR reflète simplement la convergence des intérêts des intervenants financiers, des entreprises et, plus largement, de la société, à s’affranchir d’approches myopes sur la durée et dès lors identifiées comme dommageables à la création de valeur à long terme.

Hormis sa sévérité à l’égard des acteurs qui se dérobent à leur responsabilité, l’ISR présente, en effet, un caractère inclusif dont les retombées positives rejaillissent sur la collectivité. Il n’oppose pas les générations et ne privilégie pas les intérêts des uns au détriment de ceux des autres. On peut relever, à titre d’exemple, que l’ISR peut être un levier très positif pour les entreprises sur le plan opérationnel, où une gestion rigoureuse des ressources peut contribuer à optimiser les coûts de production; sur le plan de l’image de marque, où l’adoption de normes sociales élevées peut participer à la fidélisation des collaborateurs et de la clientèle; enfin, sur le plan financier, où la mise en place de bonnes pratiques de gouvernance peut être de nature à stabiliser l’actionnariat et à faciliter l’accès au marché des capitaux.

Les deux approches fondamentales de l’ISR

Comment, en tant qu’investisseur particulier, se positionner en matière d’ISR? L’industrie financière dispose d’une grande palette d’instruments, quels que soient votre profil d’investissement et votre degré d’engagement. On distingue néanmoins deux approches fondamentales de l’ISR, qui sont l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et l’investissement thématique durable.

Intégration de critères ESG

L’intégration de critères ESG dans la gestion a pour objectif de prendre en compte l’exposition des entreprises aux risques extrafinanciers et la manière dont elles gèrent ces risques. Cette approche combine différents leviers, comme l’actionnariat actif, l’exclusion des entreprises sujettes à controverse ainsi que la surpondération des acteurs ayant les meilleures pratiques opérationnelles et commerciales durables. Elle vise à augmenter la résilience des portefeuilles sur le long terme vis-à-vis des risques ESG et contribue au développement durable en incitant les entreprises à améliorer leurs pratiques selon les dimensions ESG.

Investissements thématiques

Les investissements thématiques durables représentent des propositions de valeur plus engagées. En effet, ces véhicules de placement cherchent, en plus d’une rentabilité financière appropriée, à générer des impacts positifs sur la société et l’environnement. L’approche se focalise sur les entreprises qui apportent des solutions aux enjeux de durabilité, en développant des produits et des services en lien avec un ou plusieurs thèmes sociaux ou environnementaux, tels que le changement climatique, la transition énergétique, l’égalité des genres, etc. Les solutions thématiques offrent l’opportunité de contribuer activement aux Objectifs de développement durable (ODD) établis sous l’égide de l’ONU.

Combinaison gagnante

Loin d’être concurrentes, ces deux approches peuvent être associées dans des produits activement gérés qui combinent une poche de solutions thématiques avec une allocation d’actifs intégrant des critères ESG exigeants. L’investisseur peut ainsi contribuer de façon crédible au développement durable, tout en bénéficiant d’une large diversification, maîtrisant ainsi les risques traditionnels et apportant une résilience marquée aux risques ESG. 

POINTS CLÉS

  • Le volume des fonds durables a été multiplié par 36 en dix ans en Suisse
  • Le succès de l’investissement durable reflète la convergence des intérêts des investisseurs, des entreprises et de la société
  • L’industrie financière dispose d’une grande palette d’instruments, quel que soit votre degré d’engagement en matière de durabilité

Publié dans Générations en novembre 2020