Si vous avez un projet et une feuille de route clairs, il n’est jamais trop tard pour commencer à faire fructifier votre capital.
Investir demande trois prérequis: avoir un capital de départ - ou des revenus réguliers librement disponibles -, disposer d’un horizon de temps adéquat pour le faire fructifier et supporter les baisses ponctuelles des actifs financiers. À partir de là, chacun peut envisager de placer son argent sur les marchés. À 57 ans, vous êtes à l’âge d’or de votre existence, à en croire les statistiques de l’espérance de vie en Suisse. Si vous avez un projet et une feuille de route clairs, par exemple des économies que vous n’envisagez pas d’utiliser dès votre retraite ou que vous désirez transmettre, et que vous êtes en mesure d’accepter les fluctuations boursières, alors oui!, devenez, vous aussi, une investisseuse. Avant de vous lancer, ayez néanmoins la prudence de la randonneuse qui n’a pas encore le pied très sûr: faites-vous accompagner. L’expertise d’une conseillère vous évitera des déconvenues.
Pourquoi investir? Parce que les marchés financiers sont haussiers dans la durée. Ce phénomène ne tient ni du dogme ni de la magie. L’augmentation des valorisations des actifs financiers s’appuie sur la hausse régulière des bénéfices et des dividendes des sociétés, reflet d’une économie qui continue de croître, d’une population qui augmente et du dynamisme de l’innovation technologique. En investissant, vous vous donnez donc toutes les chances de protéger et d’accroître votre patrimoine dans le temps.
À court terme, les placements financiers sont soumis aux fluctuations des prix des actifs, qui se forment au gré de l’offre et de la demande. Les marchés ne progressent pas de façon linéaire et cette irrégularité peut entraîner des moins-values temporaires dans votre portefeuille qui n’ont rien d’anormal. Le temps étant votre meilleur allié, vous devrez absolument éviter de vendre vos positions durant les mouvements baissiers des marchés.
C’est pourquoi, avant de passer à l’action, vous établirez votre profil d’investisseuse avec votre conseillère en placements. Cet exercice vous éclairera, d’une part, sur votre capacité objective à prendre des risques, c’est-à-dire sur vos dispositions à soutenir votre investissement sur un horizon-temps prédéfini en fonction de vos besoins financiers ; d’autre part, sur votre capacité subjective à prendre des risques, c’est-à-dire sur votre aptitude à supporter temporairement une perte en portefeuille.
Vous choisirez aussi la monnaie de référence de votre portefeuille, qui doit correspondre à celle dans laquelle vous planifiez vos dépenses à long terme. Sachez d’emblée qu’avec le franc suisse, vous serez amenée à composer avec une monnaie qui a une tendance structurelle à s’apprécier face aux autres grandes devises.
Votre profil d’investisseuse et votre devise de référence détermineront la composition de votre portefeuille. Si votre durée de placement est supérieure à dix ans et que vous avez une forte tolérance au risque, vous pourrez envisager d’investir principalement dans les actions, soit la classe d’actifs la plus rémunératrice, mais aussi la plus volatile. Si votre horizon de placement est plus court et que vous manifestez une aversion aux mouvements boursiers d’une certaine amplitude, vous intégrerez davantage d’emprunts obligataires ou de produits immobiliers dans votre allocation. Vous privilégierez les investissements en franc suisse pour vous protéger des sautes d’humeur du marché des changes et évaluerez régulièrement, avec votre conseillère, l’opportunité de couvrir vos investissements en monnaie étrangère.
Vous devrez prendre garde à bien diversifier votre portefeuille en tenant compte des pays, des secteurs et de la typologie des entreprises et des classes d’actifs. Pour ce faire, il est préférable de sélectionner des produits financiers simples, comme les fonds de placement traditionnels ou les fonds indiciels, qui vous donnent accès au capital ou aux emprunts de milliers de sociétés cotées sur la planète. Évitez une trop forte concentration sur quelques titres, qui vous exposerait à des risques spécifiques. De Kodak à notre regrettée Swissair, bien des entreprises que l’on croyait insubmersibles ont disparu dans les abysses boursiers.
Une fois votre socle de portefeuille établi, rien ne vous empêche d’apporter votre touche personnelle. Si vous êtes sensible à la thématique du développement durable, pensez, en sus de l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans votre fond de portefeuille, à inclure des approches plus ciblées, comme la lutte contre le réchauffement climatique ou la gestion de l’eau et des déchets. Dans le registre des mégatendances structurelles, vous pouvez aussi vous intéresser à l’innovation technologique et à ses sous-thématiques très porteuses que sont la digitalisation, la robotisation et la cybersécurité.
Enfin, passez à l’action de façon résolue. Investissez une part prédéfinie de votre capital, sans chercher LE point d’entrée absolument idéal. Vous compléterez cet investissement initial par d’autres opérations, chacune correspondant à une fraction de vos avoirs disponibles, ce qui aura l’avantage d’atténuer les fluctuations des marchés. Puis, soutenez vos choix de gestion et faites abstraction des bruits de marché. Dans les moments difficiles, gardez en tête que les investisseurs qui reçoivent les cours de leurs titres en temps réel affichent des performances deux fois plus basses que celles réalisées par ceux qui n’y accordent pas d’attention.
À l’ère des taux zéro où nul ne peut compter sur l’effet des rendements composés pour améliorer la rémunération à long terme de son épargne, l’alternative de l’investissement devrait donc être soigneusement étudiée. Réfléchissez donc à deux fois avant de laisser dormir les avoirs que vous ne projetez pas d’utiliser dans les prochaines années sur un compte non rémunéré, où vous les verrez s’éroder sous l’effet de l’augmentation du coût de la vie. Pour autant que l’on suive les recommandations précitées, il n’est jamais trop tard pour commencer à faire fructifier son capital.
Publié dans Générations en mars 2021