Le fondateur de TawiPay - devenu Monito - a réalisé son comparateur à la suite d'un projet humanitaire.

Entreprises 10 août 2016
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François Briod, entrepreneur 3.0

Ayant participé du Silicon Valley Start-up Camp 2014, le jeune Vaudois a cofondé et dirige Monito, comparateur en ligne des services de transfert d’argent, avant tout destiné aux migrants.

François Briod n’a pas 10 ans lorsqu’il fonde avec son frère et ses cousins une association pour venir en aide à des jeunes défavorisés du Cameroun. Rapidement, il s’aperçoit que l’argent collecté en Suisse ne peut pas parvenir intégralement aux jeunes Camerounais: «15% des fonds récoltés disparaissaient dans les frais de transfert.»  La question le préoccupe et ne le lâchera plus: durant ses études à HEC Lausanne, il constate que ce souci constitue un handicap important pour des millions de personnes à travers le monde: les migrants qui envoient régulièrement des fonds à leurs familles, souvent dépourvues de comptes bancaires. «En 2015, les transferts réalisés par les migrants à des proches restés dans leur pays d’origine se montaient à 586 milliards de dollars.» L’Afrique subsaharienne était et reste la zone où les frais de transfert restent les plus élevés: 12% de la somme envoyée, en moyenne.

Améliorer son service en permanence

Par ailleurs, il découvre que le système de transferts internationaux de fonds reste un domaine occupé par de multiples acteurs, et dont les tarifs et les pratiques sont souvent peu compréhensibles pour le quidam. Il décide alors, avec Laurent Oberholzer et son frère Pascal, de fonder TawiPay, plate-forme en ligne permettant de comparer les coûts des différents services de transfert d’argent, rebaptisée Monito en 2016. Il lance une version bêta en 2013, conscient qu’il s’agit d’un projet à améliorer en permanence, en fonction des commentaires et besoins des utilisateurs.

Cette vision de l’entrepreneuriat est la définition même du «lean startup», méthodologie innovante, propre à l’économie digitale, que François Briod a pu approfondir en participant au Silicon Valley StartupCamp, en 2014. Airbnb, DropBox, Evernote…Lors du voyage organisé par la Banque à San Francisco, l’étudiant rencontre des acteurs clés de la Silicon Valley. Certains, comme Asa Dotzler, pionnier de la création du moteur de recherche Firefox et infatigable militant pour un Internet libre et ouvert, l’inspirent tout particulièrement. «Il a refusé toute une série d’offres et continué à travailler là où était sa passion et où il pensait avoir une mission à réaliser. C’est une vraie leçon de vie.»

464 opérateurs et 11 langues

Au retour, les discussions vécues en Californie nourrissent son projet et Monito continue rapidement son chemin. Après avoir gagné plusieurs concours, la jeune pousse attire l’oeil des médias et d’actionnaires de référence, dont l’ancien CEO de Western Union en Angleterre. La plate-forme réussit ainsi, au troisième trimestre 2015, une levée de fonds de 400 000 francs. A la fin de la même année, elle emploie cinq personnes à temps plein et répertorie 464 opérateurs dans 190 pays… et 11 langues.

Le modèle d’affaires, lui aussi, a été trouvé: le site, qui permet de rediriger les internautes vers les services de transfert, prélèvera une commission infime sur chaque transaction, via une rétrocession de la banque qui traite l’opération. «Mais cela ne fait pas augmenter le coût global du transfert», assure François Briod, qui collabore depuis quelques mois avec l’Organisme international des migrations (OIM) pour faire diminuer, à long terme, les coûts de rapatriement d’argent pour les migrants.

 Ce texte est paru dans le rapport de Responsabilité sociale d’entreprise 2014-2015 de la BCV.

 

Camille Andres, rédactrice, pour la BCV