L’outil développé par Nanolive fonctionne sur le principe de la tomographie, une technologie qui se base notamment sur l’indice de réfraction des objets.

Entreprises 17 juin 2016

Nanolive, des microscopes pour tous

Des microscopes révolutionnaires, pour une prix drastiquement inférieur aux standards de l’industrie, permettant d’observer les cellules dans leur environnement naturel: c’est la promesse de Nanolive, start-up soutenue par la Fondation pour l’Innovation Technologique.

Cette innovation permet de réduire drastiquement la résolution indispensable pour l’observation de l’infiniment petit. «Pour discerner deux objets, il faut résoudre une distance minimale. Nous avons réussi à ramener cette limite de 250 à 70 nanomètres», schématise Yann Cotte, CEO de Nanolive. Son doctorat dans la poche, en 2012, ce dernier publie ses travaux dans Nature Photonics. Et les commentaires des relecteurs de cette prestigieuse revue scientifique mettent la puce à l’oreille du jeune physicien sur les applications possibles de sa trouvaille.

Une technique innovante: la tomographie

 «Les feedbacks des biologistes sur notre travail nous ont encouragé à développer le produit, à savoir un microscope totalement nouveau. Nous nous sommes battus pour obtenir une bourse Innogrant par l’Epfl qui nous a soutenue dans notre démarche entrepreneuriale, et en novembre 2013 nous avons fondé Nanolive», explique Yann Cotte, qui s’est entouré de collègues et amis de longue date, Sebastien Equis et Christian Depeursinge, également cofondateurs de l’entreprise. Avec son microscope, Nanolive révolutionne l’observation du vivant. L’outil fonctionne sur le principe de la tomographie, une technologie qui se base notamment sur l’indice de réfraction des objets, et la vitesse de circulation de la lumière. L’image procurée par le microscope apporte une reconstitution en trois dimensions de l’objet. Mais la grande innovation de Nanolive c’est de permettre cette observation sans aucune modification de la cellule.

Observer une cellule dans son élément naturel

Contrairement aux appareils classiques qui nécessitent de préparer un échantillon, voir de la teinter, ce qui peut modifier ses propriétés et son état, ici il est possible d’observer une cellule «telle qu’elle est, non perturbée, dans son élément naturel», résume Yann Cotte. Une révolution pour les biologistes, qui pourront ainsi choisir directement quelles cellules utiliser dans le cadre d’une fécondation in vitro par exemple, au lieu de se baser sur des statistiques. La disruption chez Nanolive, c’est dans le produit et le business. Yann Cotte, qui étudié à la New York State University se dit clairement «contaminé par l’esprit d’entrepreneurship qui règne aux USA». Pour ce chercheur, il est important de pouvoir mettre les innovations de laboratoire «au service de tous».

Un prix inférieur aux standards de l’industrie

Le microscope développé par Nanolive affiche donc un prix inférieur aux standards de l’industrie: 20’000 € (environ 22 000 CHF), là ou d’autres machines peuvent coûter le double ou le triple. «Nous sommes fair-play, et aimerions diffuser notre microscope le plus largement possible. Etant donné qu’aucune préparation ni prérequis spécifique n’est nécessaire pour l’utiliser, il pourrait tout à fait équiper des écoles, par exemple», estime Yann Cotte. La start-up, très ouverte et orientée vers la communication a lancé des ‘Nanonights’ pour faire connaître son microscope et envisage désormais un système de leasing ou de location pour les établissements scolaires. Un projet pilote dans le canton de Vaud est à l’œuvre dans ce sens. Nanolive compte aujourd’hui 16 collaborateurs. Elle a réussi à réaliser deux levées de fond pour un total de 4.7M CHF. Le financement de la FIT – le prêt Seed de 500’000 francs récemment obtenu, doit permettre à la jeune start-up d’accélérer le développement de son produit – en amélioration permanente-, d’alimenter les flux de trésorerie générés par la production en France et soutenir sa croissance.

La FIT a comme objectif d’apporter un soutien au développement de projets technologiques innovants, ses aides sont conditionnées à une collaboration avec une Haute Ecole de Suisse occidentale. La BCV est aux côtés de la Fondation depuis ses débuts. En 2013, la contribution annuelle de la Banque est passée de 50 000 à 500 000 francs; une somme qui sera renouvelée pendant dix ans, afin de permettre à la FIT d’élargir ses soutiens.

 

Camille Andres, rédactrice, pour la BCV