Le secteur de la chimie est en pleine consolidation.
L’homologation du glyphosate, herbicide le plus répandu au monde, devrait être temporairement prolongée dans l’Union européenne. Cette substance, très controversée pour son caractère cancérogène présumé, est la composante d’un produit phare de Monsanto, leader mondial de l’agrochimie.
La firme américaine se trouve actuellement sur le devant de la scène des marchés financiers. Pour rappel, elle avait tenté, en vain l’été dernier, de s’emparer du géant suisse Syngenta. D’acheteuse potentielle, elle s’est désormais muée en cible. Aujourd’hui, c’est le groupe allemand Bayer qui tente d’étoffer ses activités chimiques dans les semences en s’emparant du géant des OGM (organismes génétiquement modifiés). Inventeur de l’aspirine, Bayer est avant tout connu pour ses activités pharmaceutiques et chimiques, même si sa division agrochimique pèse 23% de son chiffre d’affaires.
Monsanto a rejeté une première offre, mais les enchères devraient monter. L’importante consolidation du secteur est en marche (Dow Chemical et Du Pont ou Syngenta et ChemChina se sont déjà rapprochés). Toutefois l’argumentation stratégique qui accompagne ces opérations suscite un certain scepticisme. Bayer mentionne des effets positifs à long terme, notamment par le biais d’une plus grande force en recherche et développement. Les synergies promises devront être réalisées d’autant plus que le groupe allemand va augmenter sa dette pour financer l’opération. Celle-ci risque de prendre du temps parce que les autorités de la concurrence pourraient y mettre leur veto. Enfin, certains analystes évoquent le risque que la création d’un gros conglomérat diversifié ne se fasse au détriment de l’activité pharmaceutique de Bayer. Une réorganisation complexe des activités se dessine et la création de valeur pourrait être, au final, difficile à matérialiser.
Publié le 7 juin 2016 dans 24Heures