La BCE et sa présidente, Christine Lagarde, s'en tiendront à leur politique ultra-accommodante pour soutenir l'économie européenne dans un avenir proche.
La Banque centrale européenne (BCE) s'en tiendra à sa politique ultra-accommodante pour soutenir l'économie dans un avenir proche. Lors de la première réunion sur les taux d'intérêt après l'adoption d'une nouvelle stratégie de politique monétaire, les gardiens de la monnaie européenne ont réaffirmé leur orientation expansionniste avec des taux d'intérêt à des niveaux records et des achats d'obligations se chiffrant en milliards.
La fin des taux d'intérêt bas dans la zone euro n'est toujours pas en vue après la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE jeudi dernier (22 juillet). La banque centrale, basée à Francfort, maintient le taux d'intérêt directeur de la zone euro à un niveau record de 0%. Le taux d'intérêt le plus important pour l'approvisionnement du secteur bancaire en monnaie de banque centrale est à ce niveau depuis mars 2016.
Un élément clé est l'objectif d'inflation, qui est passé de «inférieur à, mais proche de 2%» à un objectif symétrique de 2%, qui permettrait même un dépassement de l'inflation. Christine Lagarde a ensuite souligné les mots «progrès réalisés», suggérant que la banque centrale exigerait des indices réels de l'inflation plutôt que de simples anticipations de celle-ci. Les prévisions officielles concernant l'inflation n'étant en moyenne que de 1,4% en 2023, il est fort probable que nous ne verrons pas de hausse des taux d'intérêt avant 2024 au plus tôt.
Jouer avec l'inflation a longtemps été considéré comme un pari dangereux par certains des membres les plus belliqueux de la zone euro. Il n'est donc pas surprenant que Jens Weidman, président de la Bundesbank, et son équivalent belge, Pierre Wunsch, se soient opposés à la formulation utilisée par Christine Lagarde. Ils estiment que ses propos risquent de constituer un engagement à long terme trop important en faveur d'une politique monétaire souple. Un article paru dans le journal allemand Frankurter Allgemeine Zeitung prévient qu'en maintenant des taux d'intérêt bas tout en injectant des liquidités supplémentaires sur les marchés, les banques centrales du monde entier risquent de perdre une partie de leur indépendance. Les marchés financiers devenant de plus en plus puissants, poursuit l’article, tout changement imprévu de la politique monétaire pourrait rapidement avoir des conséquences politiques. Et de conclure que «toute personne qui se soucie d'un marché libre et ordonné ne peut sûrement pas apprécier cela.»
Publié dans le commentaire "Matinale Express Marchés" de la salle des marchés de la BCV, le 27 juillet 2021