S’il est trop tôt pour donner un tour franchement défensif à ses placements, une stratégie dite barbell, soit en se positionnant aux extrêmes, permet d’atténuer la volatilité ambiante.
L’évolution récente des marchés donne une indication intéressante: après l’attaque de l’Ukraine par l’armée russe, ils ont perdu jusqu’à 15% par rapport à leurs niveaux de début d’année. Ils ont ensuite rebondi pour diviser par deux environ leurs pertes sur 2022. Ces mouvements semblent indiquer l’existence d’un socle de soutien aux marchés des actions, dont la poursuite de la croissance. Ces fondamentaux sont toutefois soumis à rude épreuve dans le contexte géopolitique actuel, mais aussi en raison des tensions inflationnistes typiques de l’entrée du cycle dans une nouvelle phase.
Les marchés des actions répondent désormais, outre à l’évolution de la guerre en Ukraine, aux perspectives de croissance. Une situation typique d’un environnement de cycle mature qui voit l’activité ralentir sous la pression de l’inflation et des taux. Qui dit cycle mature ne dit rien de la durée de cette phase de maturité qui peut durer de quelques mois à quelques années selon le rythme du ralentissement. Les indicateurs avancés, la courbe des rendements obligataires ou encore les primes de risques constituent de bons outils de mesure de ce mouvement.
Qui dit cycle mature dit en revanche utilité de cibler les titres, valeurs et classes d’actifs qui réagissent mieux à cet environnement. Un coup d’œil à l’évolution des différents marchés géographiques ces derniers mois souligne la résilience des indices américains. S’ils vivent à l’heure de la normalisation de la politique monétaire de la Fed, ils sont moins menacés par les conséquences de la guerre en Ukraine que leurs homologues européens. Ils gardent ainsi un avantage sur le reste du monde actuellement. Le marché suisse peut encore déployer ses atouts défensifs en cas de besoin, même si, lui aussi, réagit moins bien à la hausse des taux longs. L’Asie mériterait que l’on s’y intéresse pour ajouter un élément de diversification dans son portefeuille, car elle présente des valorisations historiquement basses.
Qui dit cycle mature dit aussi vieille économie. Non seulement, car les valeurs technologiques négocient moins bien la hausse des taux, mais aussi, car la demande valorise des secteurs moins sensibles à la croissance économique. L’énergie, les matériaux ou la pharma peuvent ainsi présenter des atouts pour qui veut diversifier ou rééquilibrer son portefeuille en attendant des signes plus explicites de la manière dont ce cycle se termine: atterrissage en douceur ou pas. Autre catégorie intéressante dans ces périodes: les titres de qualité. S’il est encore trop tôt pour donner un tour franchement défensif à ses placements, une stratégie dite barbell, soit en se positionnant aux extrêmes, permet d’atténuer la volatilité ambiante.
Qui dit cycle mature dit encore dispersion des performances, donc besoin d’agilité, de flexibilité et de résilience. Les thèmes, dont la portée dépasse les cycles économiques, aident ainsi à gérer ces périodes. C’est notamment le cas de la cybersécurité ou de la transition énergétique. Il en va de même pour l’immobilier indirect, s’il poursuit sa réévaluation. Car qui dit cycle mature dit aussi passage vers un nouveau cycle et de nouvelles opportunités.