Que vous envisagiez de conserver votre bien, de le donner en héritage ou de vous en séparer, il vaut la peine de l’adapter aux nouveaux standards énergétiques.
Vous êtes propriétaire d’une maison dans laquelle vous avez vu grandir vos enfants. Alors que la perspective de la retraite approche, vous hésitez à vous engager dans des travaux de rénovation énergétique. Vous vous demandez: «Est-ce vraiment intéressant pour moi et, si oui, comment m’y prendre?»
Il est légitime de se demander s’il vaut mieux se lancer dans une entreprise de rénovation énergétique de son habitat ou d’en laisser la responsabilité au prochain acquéreur. La réponse aujourd’hui est néanmoins assez claire. Les avantages que vous avez à porter vous-même un tel projet priment largement sur les inévitables désagréments qu’occasionnent des travaux de transformation. Rarement conditions-cadres ne se sont présentées sous un meilleur jour. Comme le dit un proverbe datant d’une époque où le monde s’éclairait encore à la bougie: le jeu en vaut la chandelle. Peu importe votre âge.
Que vous envisagiez de conserver votre bien, de le donner en héritage ou de vous en séparer, il vaut la peine de l’adapter aux nouveaux standards énergétiques. Selon l’option retenue, un projet de cette nature vous laisse augurer un meilleur confort de vie, une réduction importante de vos dépenses énergétiques, des avantages fiscaux très substantiels et une revalorisation de votre bien immobilier, ce qui constitue un atout majeur en cas de vente. Si vous êtes par ailleurs sensible aux grands enjeux de durabilité qui mobilisent nos sociétés, vous aurez la satisfaction de diminuer de manière drastique l’empreinte carbone de votre patrimoine bâti.
Dans le canton de Vaud, vous pouvez bénéficier aujourd’hui de subventions, de taux hypothécaires intéressants et vous profitez d’un marché immobilier résilient qui soutient la valeur foncière de votre bien. Attention néanmoins! Les subventions mises à disposition sont allouées périodiquement. Les taux ont suivi depuis plusieurs mois une trajectoire haussière dans le sillage du redressement des rendements obligataires et les conditions d’un financement immobilier se sont globalement durcies après que la Banque nationale suisse (BNS) a décidé de relever ses taux de référence.
Si vous êtes résolue à aller de l’avant, procédez en trois étapes. La première consiste à planifier soigneusement vos travaux. L’avis d’un expert certifié par l’organisme CECB® (certificat énergétique cantonal des bâtiments) est un passage obligé pour analyser l’ensemble des modifications à envisager. Cet exercice, imposé par tous les cantons romands pour l’octroi de subventions, vous mettra à l’abri de quelques erreurs grossières, comme celle de mal cibler vos transformations (changement de fenêtres sans revue de l’enveloppement externe, par exemple) ou de surdimensionner vos équipements. Les conclusions de l’analyse, synthétisées dans un rapport estampillé du sceau CECB+®, vous fourniront jusqu’à trois variantes de réalisation de rénovation, une évaluation des coûts d’exploitation et la détermination des subventions possibles. Un audit CECB+® coûte environ 2 500 francs. Il est éligible aux subventions dans certains cantons, notamment Vaud et Genève, et même dans certaines communes. Renseignez-vous. Après avoir arrêté votre projet, vous pouvez solliciter directement les artisans spécialisés, un architecte ou une entreprise générale pour obtenir des devis. Vos prestataires vous aideront, le temps venu, à déposer auprès de votre commune une demande de permis de construire, incontournable dès qu’une intervention modifie notamment l’aspect extérieur, le volume du bâti ou encore la transformation du type de chauffage.
Deuxième étape: la demande des subventions. Ne comptez évidemment pas sur l’aide de la collectivité pour réaliser des travaux à plus-value destinés à aménager vos combles ou votre nouvelle piscine, dussiez-vous chauffer son eau à l’énergie solaire. Avec le Programme Bâtiments, la Confédération et les cantons, voire certaines communes, encouragent strictement l’efficacité énergétique et l’utilisation d’énergies renouvelables dans les bâtiments. Ce programme accorde, à titre d’exemples, des subventions pour la mise en place de mesures, comme l’isolation thermique, la pose de nouveaux vitrages ou le remplacement d’un système de chauffage utilisant des énergies fossiles ou une alimentation électrique par des énergies renouvelables. Votre expert ou votre experte CECB® peut vous aider dans cette démarche. Veillez à respecter précautionneusement les procédures. Pour vous assurer du versement des aides, il est, par exemple, indispensable de recevoir l’approbation de votre demande par votre canton avant le démarrage du chantier.
La troisième étape concerne l’organisation du financement de vos travaux. Certains établissements bancaires proposent des offres de financement à taux préférentiels pour les projets de rénovation énergétique et prennent à leur charge une partie de l’investissement nécessaire à l’établissement d’un certificat CECB+®. Pour savoir si vous pouvez bénéficier de telles prestations, prenez contact avec votre conseiller ou votre conseillère bancaire qui pourra, par ailleurs, sur la base des devis et du montant des subventions, vous donner une estimation du montant de l’abattement fiscal dont vous bénéficierez après l’achèvement des travaux. Les investissements destinés à rationaliser la consommation d’énergie ou à recourir aux énergies renouvelables peuvent être assimilés aux frais d’entretien et sont à ce titre 100% déductibles des impôts, hors subventions. Au final, les aides octroyées par l’État et les économies fiscales peuvent réduire de plus de moitié le coût effectif des travaux. Alors, le jeu n’en vaut-il pas la chandelle?
Publié en mars 2022 et mis à jour en mars 2023
Corinne Filippi, spécialiste en financement immobilier, BCV