Le développement du e-commerce a un effet sur les surfaces de vente. Le taux de vacance augmente tandis que les loyers des surfaces à louer reculent.
Le développement du e-commerce contribue à une mutation profonde du commerce de détail. Partis de pratiquement zéro il y a un quart de siècle, les achats en ligne représentent aujourd’hui un dixième des achats des ménages suisses. Les effets de cette évolution fondamentale se combinent à ceux du tourisme d’achat et de la recherche de productivité, comme le montre l’étude «Commerce vaudois – Le point sur le "e-"».
Le panorama dressé par cette 16e étude de l’Observatoire BCV de l’économie vaudoise est contrasté. Par exemple, si les e-commerçants suisses sont, globalement, ceux qui captent la plus grande part des achats en ligne, leurs concurrents étrangers gagnent des parts de marché. Les évolutions dans les commerces alimentaire et non alimentaire sont divergentes. Dans le second, l’empreinte du e-commerce est forte, en particulier dans le textile et l’électronique grand public. Les prix et les ventes sont sous pression (respectivement -13,3% sur le plan suisse et -14,4% dans le canton entre 2008 et 2018), mais l’emploi a moins reculé (-4,3% entre 2008 et 2016) que dans le commerce alimentaire (-19,1%). Dans ce dernier, les ventes en ligne sont faibles, les prix et les ventes restent relativement stables.
Globalement, l’une des conséquences de cette transformation est une perte de 3 800 emplois (-11,2%) entre 2008 et 2018 dans le commerce de détail vaudois. Aujourd’hui, rien n’indique que le commerce électronique ne continuera pas de gagner des parts de marché. Cependant, tous les commerçants ne sont pas concernés au même degré par la transformation en cours. Face à celle-ci, le service, le contact ou une offre de niche éloignée de l’assortiment des géants du commerce en ligne font souvent partie des pistes privilégiées. En outre, certains exploitent une boutique en ligne ou songent à le faire.
L’année 2008 a été une année charnière à de nombreux égards. Si le e-commerce a commencé à décoller à partir de cette période, elle marque aussi le début de la grande crise financière et économique mondiale et d’une descente de 30% du cours de l’euro par rapport au franc. Une aubaine pour les achats transfrontaliers faits à proximité ou dans les lieux de destination des compagnies aériennes à bas coûts. Ce tourisme d’achat représente aujourd’hui, comme le commerce en ligne, environ un dixième des dépenses de consommation à l’échelle suisse. Grâce à l’affaiblissement du franc face à l’euro en regard des sommets atteints en 2011 et en 2015, la concurrence du tourisme d’achat pourrait être moins aiguë.
Le phénomène est global, et donc pas spécifique au canton, mais le commerce de détail est une branche importante de l’économie vaudoise; pour son rôle dans l’approvisionnement des ménages et dans l’animation des villes, bien entendu, mais également pour sa contribution en tant qu’employeur. Il représente 6% de l’ensemble des emplois du canton, ce qui en fait l’un des principaux employeurs privés. La vente est aussi la deuxième filière d’apprentissage (11%) derrière le commerce et l’administration (22%).
Ces évolutions ont également un effet sur le marché immobilier. L’évolution du taux de vacance, recensé par Statistique Vaud (magasins et locaux de vente), et des loyers de l’offre (relevés par Wüest Partner) montre que la demande diminue. Depuis 2011, la vacance a progressé de 49% dans le canton et les loyers de l’offre se sont repliés de 37%.
L’étude «Commerce vaudois – Le point sur le "e-"» peut être téléchargée via ce lien: https://www.bcv.ch/fr/la_bcv/actualites_et_medias/observatoire_economique
«Commerce vaudois – Le point sur le "e-"» se fonde notamment sur des estimations des ventes au détail dans le canton calculées par l'institut de recherches économiques BAK Economics. À cela s'ajoutent des données de l'Office fédéral de la statistique et des cabinets d'études de marché Carpathia, GfK ou Wüest Partner ainsi qu'une prise de température dans la branche via un questionnaire élaboré en collaboration avec la Fédération patronale vaudoise.