Selon l'enquête conjoncturelle de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie, l'écart entre les différentes branches de l'économie cantonale se creuse. C'est notamment vrai entre l'industrie et les services.
Services et industrie ne traversent pas la même réalité économique. Les entreprises exportatrices souffrent du ralentissement de l’économie mondiale. Le point par secteur.
Croissance inférieure à la moyenne, mais croissance tout de même. Le constat vaut autant pour l’économie suisse que l’économie vaudoise. Cet été, l’activité en Suisse a progressé de 0,2%, en recul par rapport au trimestre précédent (0,4%). Le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) a constaté que certaines branches des services, de la construction ainsi que la consommation – le commerce de détail a notamment affiché une progression vigoureuse – ont apporté leur contribution à l’évolution de la création de valeur au niveau national. L’industrie et certains secteurs exportateurs ont, en revanche, ralenti en raison notamment du manque de dynamisme de l’économie mondiale et du franc, dont la force est désormais structurelle.
Une situation que l’on retrouve au niveau cantonal, constate la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), au terme de son enquête conjoncturelle. Et d’ajouter que «le fossé se creuse au sein de l’économie vaudoise» entre services et industries, entre activités tournées vers le marché intérieur et activités exportatrices. Selon, la Commission Conjoncture vaudoise, cependant, la plupart des branches envisagent un léger rebond en 2025. Le PIB vaudois est attendu en croissance de 1,2% cette année et pourrait atteindre 1,9% en 2025. Une situation contrastée dans une économie qui reste solide, mais à la visibilité faible.
Plus d’une entreprise membre de la CVCI sur trois juge ainsi sa marche des affaires bonne à excellente. Une sur cinq évoque une situation mauvaise à médiocre. Des différences sont bien perceptibles entre les secteurs secondaire et tertiaire, puisque les tendances s’accentuent à la baisse dans l’un et à la hausse dans l’autre. La situation financière des entreprises actives dans l’industrie s’est détériorée au point que 30% d’entre elles portent un regard sombre sur leurs marges d’autofinancement. À noter encore une tendance préoccupante pour le secteur et pour l’économie cantonale, «la propension à investir dans le secteur secondaire se révèle très faible en comparaison historique, ce qui laisse augurer des difficultés quant au maintien de la compétitivité – déjà amoindrie par la force du franc – de certains pans de l’industrie», relève la CVCI.
Les entreprises vaudoises manquent, par ailleurs, encore de bras. Alors même que la visibilité est mauvaise sur six mois, une majorité d’entre elles envisagent une légère hausse de leurs effectifs – dans l’industrie on parle davantage de stagnation. En 2024, l’évolution de l’emploi s’est avérée globalement positive, mais là aussi, dans l’industrie la tendance est inverse.
Situation contrastée dans un secteur très hétéroclite. La marche des affaires est jugée globalement acceptable dans le secteur de la construction, qui a cependant enregistré récemment un affaiblissement de la dynamique. Un mouvement qui devrait se prolonger durant le prochain semestre. Les entreprises du second œuvre se montrent particulièrement optimistes en ce qui concerne les réserves de travail. La branche observe deux tendances non négligeables, notamment pour la transition énergétique: la baisse des permis de construire et des difficultés croissantes de financement.
L’industrie vaudoise connaît une année en dents de scie en raison notamment d’une insuffisance de la demande. La situation est particulièrement difficile dans la métallurgie et dans les machines. Elle s’est en revanche améliorée dans la chimie. Un industriel sur deux environ considère que son carnet de commandes n’est pas suffisamment rempli. Mais quelques signaux sont encourageants. Ainsi, de nombreuses entreprises s’attendent à une hausse de la production et des exportations dans les trimestres à venir.
Si l’hôtellerie se dit plutôt satisfaite de la marche des affaires, la restauration peine à s’enthousiasmer toujours aux prises d’une baisse de fréquentation et d’une pénurie de main d’œuvre. La météo a joué un rôle clé dans les nuitées, notamment dans les Alpes. Dans cet été tout en contraste, les touristes étrangers ont compensé l’absence des hôtes nationaux. Cela dit, les chiffres d’affaires sont en baisse dans la moitié des hôtels interrogés. Comme pour cette année, les attentes pour 2025 sont meilleures dans l’hôtellerie que dans la restauration.
Les services enregistrent une dynamique positive. Une situation particulièrement vraie dans les services aux entreprises. Dans un contexte qui devrait rester porteur en 2025, la pénurie de main d’œuvre reste une préoccupation majeure – c’est le cas depuis au moins trois ans –, comme l’évolution des conditions-cadres.
Dents de scie encore dans le commerce de détail qui évolue dans un climat de consommation toujours morose, même s’il s’est amélioré par rapport à 2023. Les commerçants vaudois – quelle que soit leur taille – considèrent que leur marche des affaires s’est détériorée cette année. Il est intéressant de noter qu’ils placent des attentes supérieures à ces dernières années dans la période des Fêtes, période faste pour eux. Et envisagent les prochains mois avec davantage d’optimisme que leurs homologues du reste du pays.