Parmi les signaux positifs, l’indicateur du KOF a interrompu sa baisse, certaines branches faisant même état d’une amélioration.

DANS LE CANTON 16 juillet 2020

PIB vaudois et crise du coronavirus: creux de la vague passé?

L’économie vaudoise montre des signes de stabilisation après le choc du semi-confinement visant à freiner la propagation du nouveau coronavirus. Notamment, après une forte révision à la baisse en mai, de +1,7% à -5,5%, les nouvelles prévisions d’évolution du PIB vaudois cette année ne marquent pas de poursuite de la dégradation de la conjoncture. Ainsi, le PIB du canton devrait reculer de 5,0% cette année, avant de rebondir de 3,0% l’an prochain selon les dernières estimations du CREA publiées par la BCV, l’État de Vaud et la CVCI. Les prévisions doivent être considérées avec prudence en raison du nombre élevé d’inconnues, notamment l’évolution de la pandémie au cours des prochains mois.

La sévérité de la crise économique planétaire provoquée par la pandémie de COVID-19 est illustrée par la révision à la baisse des prévisions du Fonds monétaire international (FMI): alors que ce dernier anticipait en avril une récession mondiale de 3,0% cette année, ses prévisions de juin tablent sur une baisse du produit intérieur brut (PIB) planétaire de 4,9%. L’explication réside dans une aggravation de la crise dans de nombreux pays développés et émergents. Après cette récession, vraisemblablement la pire depuis la Grande dépression des années 1930, le FMI prévoit toujours une reprise l’an prochain, mais à un rythme plus lent qu’anticipé au printemps, 5,4% au lieu de 5,8%. De plus, le risque d’une aggravation ou d’un prolongement de la crise est bien présent, en fonction de l’évolution de la situation sur le plan sanitaire et des mesures de protection.

 

Stabilisation du taux de chômage

Si le canton et la Suisse n’échappent pas à la crise, ils semblent ne pas connaître l’aggravation qui touche d’autres régions. Sur le plan national, la chute des exportations a ralenti en mai, tandis que l’indicateur du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’École polytechnique fédérale de Zurich a interrompu sa baisse, certaines branches faisant même état d’une amélioration. Dans le canton, le nombre de personnes concernées par des demandes de réduction de l'horaire de travail (environ 156 000) et le taux de chômage (4,6%) se sont stabilisés en juin. La Confédération, les cantons, dont celui de Vaud, et certains acteurs privés ont pris des mesures pour atténuer le choc subi par les entreprises ou par leurs collaboratrices et collaborateurs: indemnités de réduction d’horaire de travail, crédits d’urgence ou aménagements pour des loyers ou des crédits.

À l’exception de la chimie-pharma et des services financiers, toutes les branches sont dans le rouge et contribuent à la baisse de 5,0% du PIB attendue en 2020. Le scénario actuel est celui d’une reprise au second semestre, ralentie toutefois par les mesures de précaution mises en place pour freiner la propagation du virus et par la retenue des consommateurs en raison de la dégradation du marché de l’emploi. Un retour à la croissance est attendu en 2021, avec une hausse du PIB vaudois de 3,0%, à laquelle la plupart des branches devraient contribuer.

Par rapport à l’ensemble de la Suisse, le canton pourrait ainsi se montrer plus résistant cette année: sur le plan national, la baisse du PIB est attendue à 6,2% par le Secrétariat d’État à l’économie (-5,0% dans le canton). En revanche, à 4,9%, le rebond prévu l’an prochain est plus marqué en moyenne nationale que dans le canton (+3,0%).

Ces prévisions doivent cependant être considérées avec prudence, tant le degré d’incertitude est élevé. La pandémie de COVID-19 a fait passer au second plan les facteurs de risque qui prédominaient auparavant, comme les tensions entre la Chine et les États-Unis, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), une possible appréciation du franc en tant que valeur refuge ou une certaine incertitude dans l’évolution des relations de la Suisse avec l’UE. Il reste que l’évolution de l’épidémie – et celle des mesures de précaution nécessaires – est, à ce stade, difficile à anticiper. De plus, cette incertitude ne concerne pas que la Suisse, mais aussi ses principaux partenaires commerciaux.

Quatre publications par an

Le PIB est un indicateur essentiel pour évaluer le dynamisme d’une économie. Le PIB vaudois est publié depuis 2009. Pour garantir un calcul rigoureux et transparent, la BCV, l’État de Vaud, représenté par le Service de la promotion de l'économie et de l'innovation et Statistique Vaud, ainsi que la CVCI ont mandaté l’Institut CREA d’économie appliquée de la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne. La méthodologie du CREA intègre notamment les estimations des PIB cantonaux de l’Office fédéral de la statistique. Depuis janvier 2019, les données sont corrigées des effets des grandes manifestations sportives internationales, introduits dans les comptes nationaux en 2017.

Depuis 2011, le PIB vaudois est publié quatre fois par an (prochaine parution: octobre 2020). Responsables de l’économie privée et décideurs politiques disposent ainsi en tout temps de données et de prévisions à jour, afin de pouvoir mieux préparer leurs décisions et piloter leurs projets.