Les mesures de protection prises en automne dans le canton ont été moins restrictives qu’au printemps, les écoles et les magasins restant notamment ouverts.
Si la situation conjoncturelle s’est détendue cet été, le ciel s’est à nouveau assombri en automne avec la deuxième vague de l’épidémie de COVID-19 et de nouvelles mesures de protection. Malgré cela, les dernières prévisions de croissance pour l’économie vaudoise vont dans le même sens que celles publiées en été, avec une baisse du produit intérieur brut (PIB) attendue à 4,9% cette année. Une croissance modérée est anticipée en 2021, soit une hausse du PIB de 2,1%, selon les dernières estimations du CREA publiées par la BCV, l’État de Vaud et la CVCI. Ces prévisions doivent être considérées avec prudence en raison du nombre élevé d’inconnues, notamment l’évolution de la pandémie ou le développement et la diffusion de vaccins.
Après le choc des mesures de confinement du printemps, le moral des ménages et des entreprises s’est amélioré en été, en Suisse mais aussi dans les principales économies industrialisées. L’activité a repris dans de nombreux domaines – parfois de manière partielle – et le nombre de personnes concernées par des réductions de l’horaire de travail est passé de 1,1 million en Suisse et 156 000 dans le canton en avril à respectivement 304 000 (août) et 27 000 (septembre). La conjoncture a aussi bénéficié des mesures prises par la Confédération, par les cantons, dont celui de Vaud, et par certains acteurs privés. Cependant, l’embellie a été de courte durée. L’automne a vu une hausse marquée du nombre de nouvelles contaminations et des mesures ont été prises pour contrer cette deuxième vague. Si celles-ci ont été moins restrictives qu’au printemps, le canton permettant notamment aux écoles et aux magasins de rester ouverts, elles n’en ont pas moins été synonymes de freins à l’activité dans plusieurs branches, telles que l’hôtellerie-restauration et les activités de loisirs.
L’ampleur du frein à l’activité lié à la deuxième vague de contaminations est encore difficile à estimer précisément, peu de sondages conjoncturels ayant été réalisés après son début. En revanche, selon les dernières prévisions, la dynamique conjoncturelle dans le canton de Vaud est un peu en retrait par rapport à l’ensemble de la Suisse. Sur le plan national, la baisse du PIB cette année a été estimée en octobre par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) à 3,8%. Pour l’an prochain, la hausse du PIB suisse est prévue à 3,8%.
Évolution annuelle, en termes réels et en pourcents. * = estimation/prévision.
Données corrigées des effets des grandes manifestations sportives internationales.
PIB Suisse = série de référence pour l’estimation du PIB vaudois, SECO,
juin 2020 pour les années 2008-2017, septembre 2020 pour les années 2018-2019.
Sources: CREA, OFS, SECO
Le bilan de l’année 2020 s’annonce donc fortement négatif. Sur le plan mondial, la crise économique planétaire provoquée par la pandémie de COVID-19 se traduit par une baisse du PIB de 4,4%, selon les prévisions d’octobre du Fonds monétaire international (FMI). Si toutes les régions du monde sont concernées, la récession est plus profonde dans les économies industrialisées, en particulier dans certains pays du sud de l’Europe. Pour l’an prochain, le FMI prévoit une reprise, avec une progression du PIB mondial de 5,2%.
Ces prévisions doivent cependant être considérées avec prudence, tant le nombre d’inconnues est élevé. En plus de facteurs de risque existant avant la pandémie, tels que les tensions entre la Chine et les États-Unis ou la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), l’évolution de la pandémie est difficile à anticiper. En revanche, les avancées dans la mise au point de vaccins (ou de traitements) pourraient permettre de maîtriser la situation sanitaire et d’alléger les mesures de protection. Sur le plan suisse, le risque d’une appréciation du franc en tant que valeur refuge ou une certaine incertitude dans l’évolution des relations de la Suisse avec l’UE constituent d’autres facteurs d’incertitude.
Au niveau des branches, à l’exception de la chimie-pharma et des services financiers, toutes les activités sont dans le rouge cette année et contribuent à une baisse du PIB de 4,9%. En revanche, le retour à la croissance attendu en 2021, avec une hausse du PIB vaudois de 2,1%, devrait permettre à la plupart des branches, à l’exception notamment des services aux entreprises et des activités immobilières, de revenir dans le vert.
Quatre publications par an
Le PIB est un indicateur essentiel pour évaluer le dynamisme d’une économie. Le PIB vaudois est publié depuis 2009. Pour garantir un calcul rigoureux et transparent, la BCV, l’État de Vaud, représenté par le Service de la promotion de l'économie et de l'innovation et Statistique Vaud, ainsi que la CVCI ont mandaté l’Institut CREA d’économie appliquée de la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne. La méthodologie du CREA intègre notamment les estimations des PIB cantonaux de l’Office fédéral de la statistique. Depuis janvier 2019, les données sont corrigées des effets des grandes manifestations sportives internationales, introduits dans les comptes nationaux en 2017.
Depuis 2011, le PIB vaudois est publié quatre fois par an (prochaine parution: janvier 2021). Responsables de l’économie privée et décideurs politiques disposent ainsi en tout temps de données et de prévisions à jour, afin de pouvoir mieux préparer leurs décisions et piloter leurs projets.
Visionnez la conférence réalisée en collaboration avec la CVCI, qui vous présente les résultats de l'enquête conjoncturelle d'automne. Vous y retrouverez également une présentation de la conjoncture suisse et mondiale, assurée par René-Pierre Giavina, stratégiste à la BCV, ainsi qu'une étude du PIB romand par Jean-Pascal Baechler, conseiller économique à la BCV.