Florence et Daniel Stumpe ont lancé The Nail Company il y a dix ans. L'idée de bars à ongles leur est venue au retour d'un voyage à New York. L'entreprise compte aujourd'hui une vingtaine de Nail Bars en Suisse.
Florence et Daniel Stumpe gèrent une vingtaine de bars à ongles en Suisse. Après un déconfinement en demi-teinte, ils comptent beaucoup sur le retour de l’appétit à consommer des Suisses et sur une application plus claire des normes sanitaires.
Ils auraient dû fêter les dix ans de leur entreprise le 31 mars. Ce jour-là finalement, Florence et Daniel Stumpe travaillaient chez eux à trouver des solutions pour que The Nail Company poursuive sur la voie du succès. Pouvoir se faire «choyer les mains et les pieds avec ou sans rendez-vous tout en sirotant une boisson» a soudain dû céder du terrain face à l’avancée du coronavirus. Et pourtant, l’idée, qui a germé au retour d’un voyage à New York, plaît puisqu’en dix ans, The Nail Company a ouvert une vingtaine de Nail Bars en Suisse. Plaira-t-elle autant une fois les miasmes du virus éloignés? Florence et Daniel Stumpe y croient et se battent pour que leur activité trouve la place qui est la sienne dans la jungle des normes sanitaires.
À défaut d’être essentielle à l’aune de l’OFSP, l’activité esthétique peut se targuer d’avoir un rôle de sentinelle. «Nous avons vu notre chiffre d’affaires baisser bien avant le confinement», raconte Florence Stumpe. Le recul était même de 80% à la veille de la décision de la Confédération de fermer tout ce qui n’était pas essentiel. D’ailleurs, une partie des 130 employé.e.s des bars à ongles étaient déjà au chômage partiel.
Sentinelles, les bars à ongles le sont aussi à l’heure du déconfinement. Ils ont pu rouvrir le 27 avril comme les coiffeurs. «Les dix premiers jours ont été euphoriques», raconte Florence Stumpe. Les fidèles piaffaient d’impatience. «Puis, ce fut un énorme creux. La sérénité doit revenir pour que les personnes plus sensibles à l’environnement actuel osent s’offrir des soins à la personne».
Et la réouverture n’est pas totale. «Nous avons installé des plexiglas, demandé aux clientes de mettre des masques et posé du gel hydroalcoolique partout. Nous n’avons cependant pas dû modifier notre protocole, car il répondait déjà à des règles strictes.» En revanche, plus de sirop ou de thé afin d’éviter les déambulations. «Les clientes le comprennent parfaitement». Mais, poursuit Florence Stumpe, «la question est ailleurs. Pourquoi certaines situations sont acceptables dans les transports publics, mais pas dans nos locaux? Combien d’employées et de clientes peuvent vraiment prendre place dans 40 m2?». Sans même parler de la problématique des loyers de la vingtaine de boutiques. Ou encore des charges salariales perçues sur 100% d’un travail qui ne peut se faire. En d’autres termes: la question, c’est la rentabilité d’une activité désormais partielle.
La crise a éclaté après une année 2019 que Daniel Stumpe qualifie de «belle». Les deux exercices précédents avaient été marqués par un rachat afin de s’étendre à Zurich. Et 2020 s’annonçait bien avec un «bon mois de février». Puis, ce fut l’effondrement et la fermeture. Difficile de compenser l’activité par internet au-delà de la fourniture de matériel à quelques clientes. The Nail Company a demandé un prêt Covid-19 dès que la Confédération l’a annoncé. «Après discussion avec notre conseiller de la BCV, nous avons obtenu l’argent en quatre heures», racontent Florence et Daniel Stumpe. «Il nous aide à mieux dormir». Et le couple d’exprimer son soutien aux entrepreneurs qui n’ont personne à qui parler, qui ne peuvent partager, comme eux, leurs craintes.
«Nous avons la chance de n’être que peu endettés, d’avoir une société qui fonctionne et d’avoir pu bénéficier de la RHT pour nos employés», explique encore le directeur général. «Mais, nous regardons déjà en direction de la fin de l’année». Surtout après un début de déconfinement «qui ne s’est pas bien passé». Les liquidités engrangées servent notamment à mieux envisager ce moment difficile entre un avant et un après qui ne se ressembleront vraisemblablement pas.
Les mois d’été seront clés. The Nail Company réalise une grande partie de son chiffre d’affaires entre Pâques et septembre, ainsi qu’à Noël. «Une solution pour les problèmes liés à la distanciation sociale et un retour de l’envie de sortir sont des éléments essentiels pour la reprise de notre activité», résume Florence Stumpe. La météo peut aussi être une alliée. Qui dit soleil, dit sandalette. Et, pour beaucoup, ongles soignés. Car les affaires actuellement ce sont essentiellement les pieds. Côté mains, la situation est moins favorable. «Davantage pour des raisons de distance que de la nécessité de se laver souvent les mains, car nos produits le supportent», explique Florence Stumpe.
Florence et Daniel Stumpe alternent entre optimisme et crainte de voir dix ans de leur vie s’envoler. «Ce serait terrible, car nous n’avons rien fait de faux.» Mais ils repoussent rapidement l’idée et énoncent nombre de raisons d’espérer. «Les gens auront besoin de se faire plaisir, beaucoup de Suisses resteront au pays pendant les vacances et consommeront ici». Ils évoquent aussi des solutions organisationnelles possibles.
Comme à de nombreuses reprises depuis la mi-mars, les propriétaires de The Nail Company attendent avec impatience la prochaine conférence de presse du Conseil fédéral. Peut-être que le 27 mai au soir, les directives seront plus faciles à appliquer. «Avec le recul, nous trouvons que le Conseil fédéral a bien géré sa communication, il n’a pas véhiculé de message anxiogène. Aujourd’hui, nous attendons de lui de l’enthousiasme pour redonner de la confiance aux Suisses».
Les bars à ongles The Nail Bar ont ouvert il y a dix ans d’abord à Lausanne avant de s’étendre de Genève à Zurich. Florence et Daniel Stumpe ciblent une clientèle qui désire venir avec ou sans rendez-vous se faire choyer les mains et les pieds tout en sirotant une boisson (thé ou sirop). Ils proposent une gamme de prix élargie et une vaste palette de produits. La vingtaine de bars sont réunis au sein de la société The Nail Company qui détient aussi The Brow Bar, quatre magasins consacrés aux sourcils.
Pour en savoir davantage sur les mesures à disposition des entreprises: nos pages dédiées