Des superordinateurs sont capables, en quelques nanosecondes, d’apprendre et de réagir pour passer des ordres de bourse.
La course à «l’armement technologique» se poursuit pour permettre aux spécialistes du trading à haute fréquence (High Frequency Trading ou HFT) de passer leurs ordres de bourse toujours plus vite. Actuellement, des superordinateurs, qui sont en réalité des petits bijoux d’intelligence artificielle, sont capables, en quelques nanosecondes, d’apprendre et de réagir pour passer des ordres d’achat et de vente. Ils arrivent à tirer profit de très faibles écarts de prix entre diverses valeurs ou de faiblesses passagères qui peuvent survenir dans des systèmes d’échanges de titres. La compétition est rude dans le secteur et c’est à celui qui ira plus vite… que la lumière. Mais il faut savoir que 90% à 99% des opérations effectuées sont annulées avant même d'avoir été exécutées.
Les deux piliers technologiques du trading à haute fréquence sont le recours aux algorithmes ainsi que la vitesse de traitement des données et des ordres. La colocation, soit la pratique qui consiste à s’assurer que le signal émis par l’algorithme va atteindre le serveur central le plus rapidement possible, permet d’augmenter encore la vitesse d’exécution. Plus spécifiquement, il s’agit pour les investisseurs de louer un espace à quelques mètres, voire quelques centimètres du serveur central de la place boursière dans laquelle ils passent des ordres afin d’y placer leur propre ordinateur.
Les États-Unis ont toujours été la principale plaque tournante des transactions à haute fréquence. Ces dernières représentent au moins la moitié de l'ensemble du volume d’échanges du marché boursier américain, et ce chaque année depuis 2008. Les volumes y ont culminé à 60% du total en 2009, à l’apogée de la crise financière, mais la part du négoce à haute fréquence a commencé à diminuer avant de se stabiliser à 50% pendant trois années consécutives jusqu’en 2016, année durant laquelle sa proportion a recommencé à augmenter.
Les revenus générés par les échanges à haute fréquence ont culminé la même année que les volumes, soit en 2009, mais leur diminution après cette année-là a été beaucoup plus agressive. En huit ans, les traders à haute fréquence aux États-Unis ont vu leurs revenus s'effondrer, passant d'un sommet de 7,2 milliards de dollars à moins d'un milliard en 2017.
La pression croissante exercée sur les transactions à haute fréquence a conduit à une consolidation au sein du secteur, alors que les entreprises combinent leurs efforts pour faire face à des coûts plus élevés et à des conditions de marché plus difficiles. Bien que la majorité des traders à haute fréquence soient des privés, certaines sociétés cotées en bourse sont impliquées dans ce secteur, telles que Citadel Group, Flow Traders ou Virtu Financial. Pour illustrer ces propos, Virtu, cotée depuis 2015, a acheté l'an dernier KCG Holdings à l’une de ses concurrentes pour un montant de 1,4 milliard de dollars.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 19 novembre 2018