La consommation intérieure a été d'un grand soutien pour l'économie vaudoise.
La marche des affaires des différentes branches tend à se stabiliser, voire à progresser. La fin de l’année apporte «quelques raisons de se réjouir pour les entreprises» du canton, selon la Commission Conjoncture vaudoise, dans laquelle la BCV est notamment active.
Dans un contexte international plutôt positif – mais pas dénué de risques –, l’année 2017 s’annonce sous des auspices favorables pour l’économie vaudoise. Dans son ensemble du moins. Lors de sa traditionnelle conférence de presse, la Commission Conjoncture vaudoise a livré un tableau nuancé de la situation des entreprises vaudoises et de ce qui attend les différentes branches économiques du canton.
S’il est vrai que le PIB devrait afficher un rythme de progression de 1,7% – après 1,6% en 2016 et 1% en 2015 –, c’est notamment grâce à la consommation intérieure soutenue par la croissance de la population (+1,3%) et la baisse du taux de chômage. Touchées par le franc fort l’an dernier, les exportations vaudoises devraient, elles, renouer avec la croissance, mais avec un temps de retard sur les exportations suisses.
Ainsi, les entrepreneurs font preuve d’une prudence teintée d’optimisme pour les prochains mois. Cela dit, leur boussole pour 2017 reste la courbe du franc face à l’euro.
L’année 2016 s’est avérée «plutôt bonne» pour tous les secteurs de la construction, relève Frédéric Burnand, responsable de la communication de la Fédération vaudoise des entrepreneurs. Et, malgré une diminution des entrées de commandes pour la fin de l’année 2016, notamment dans le second oeuvre, 2017 s’annonce aussi positivement. Parmi les éléments porteurs, il cite les grands projets publics-privés prévus dans le canton. En ce sens, souligne Frédéric Burnand, le oui au projet de développement de l’ouest lausannois est une bonne nouvelle.
Les risques pour le secteur de la construction se situent notamment dans la pression qui s’accentue sur les prix – et donc sur les marges des entreprises. Autre souci des entrepreneurs: la mise en œuvre de la votation sur l’immigration de masse du 9 février 2014. «Nous risquons de devenir moins concurrentiels face aux entreprises étrangères. Notamment pour les chantiers publics. Il est important que nos entreprises puissent engager au besoin des travailleurs étrangers sans être bloquées par des quotas».
Certes, le franc est relativement stable face à l’euro, mais à un niveau jugé insatisfaisant par les milieux de l’industrie. Alors oui, les indicateurs avancés du secteur restent dans le rouge. «Mais un rouge moins foncé que l’an dernier», relève Mathias Pasquier, chef de projet au Service de la promotion économique et du commerce du canton (SPECo). A la veille de la nouvelle année, les chefs d’entreprises se disent peu satisfaits du niveau de la demande et relèvent les difficultés grandissantes en matière de financement. Ils s’inquiètent par ailleurs de la pression persistante sur les prix. La situation reste particulièrement difficile dans la métallurgie ou encore l’électronique. La chimie qui représente, à elle seule, 40% des exportations vaudoises, et l’alimentaire évoluent en dents de scie. Quant aux machines, le secteur semble profiter globalement des mesures de rationalisation empoignées après le renforcement du franc au soir du 15 janvier 2015.
Les industriels se préparent ainsi à la reprise. Cela dit, les six prochains mois s’annoncent contrastés avec d’une part des entrées de commandes qui devraient baisser et, d’autre part, des exportations qui devraient se reprendre quelque peu dans le sillage de l’ensemble des ventes suisses à l’étranger. La situation reste toutefois tendue sur le front de l’emploi puisqu’un entrepreneur sur trois envisage une baisse de sa main d’œuvre.
Là encore, la situation diffère d’un secteur à l’autre. Si la restauration pâtit des prix, d’une offre en voie de diversification et d’une consommation mouvante, l’hôtellerie se porte mieux. «Ça a l’air de bien aller», relève Philippe Thuner, président de l’Association romande des hôteliers. Les nuitées ont progressé de 3,4% à fin septembre dans le canton, malgré une capacité globale de chambres multipliée par trois ces dernières années en raison de l’arrivée des Airbnb et Cie. «Les nuitées ne sont toutefois qu’un indicateur, et il ne reflète pas l’évolution des prix des chambres», relève-t-il en insistant sur la pression qui se poursuit sur les prix.
L’offre hôtelière vaudoise, notamment lausannoise, s’est fortement étoffée en 2016 avec 500 lits supplémentaires. 2017 devrait ainsi se poursuivre sur le même ton, à condition bien sûr que les conditions restent identiques.
Morosité. Encore. «La marche des affaires est restée dans le rouge durant toute l’année», ne peut que constater Patrick Zurn, collaborateur économiste à la CVCI. Autre indice de la sinistrose ambiante dans le secteur: un tiers des commerçants voit sa situation se dégrader pour le troisième trimestre consécutif. A la baisse structurelle des bénéfices s’ajoute la baisse de la fréquentation des magasins par rapport à l’an passé. Cela dit, la majorité des commerçants comptent sur une stabilisation des prix dans les prochains mois. Une lumière au bout du tunnel? A confirmer.
Important pour l’économie vaudoise, les services à la personne affichent une bonne santé grâce à une consommation intérieure solide. Plus globalement, le vaste secteur des services enregistre une demande plus élevée dans le canton que sur le plan national. Il n’échappe pourtant pas à la pression sur les prix et donc à l’érosion des marges. Parmi les obstacles à la croissance du secteur sont cités: les conditions cadres, le manque de main d’œuvre et les problèmes de financement. N’empêche: un prestataire de services sur quatre envisage une amélioration de sa marche des affaires dans les six prochains mois contre seulement 6% qui craignent une détérioration.
Pour plus d'information: www.conjoncturevaudoise.ch
Anne Gaudard, rédactrice, BCV
Publié dans la Newsletter Entreprises, décembre 2016