«Vaud innove - Un écosystème aux multiples visages» présente un état des lieux complet de l’écosystème d’innovation dans le canton et dans la région.
Le canton de Vaud est parvenu à se faire une place sur la carte mondiale des régions fortement axées sur l’innovation. En deux décennies, son tissu académique a doublé de taille et figure parmi les meilleurs en termes de qualité de la recherche, tandis que la part des branches à composante technologique dans le PIB cantonal a également presque doublé, comme le montre l’étude «Vaud innove - Un écosystème aux multiples visages». De jeunes sociétés innovantes se créent dans la région, elles attirent des investisseurs et des clients loin au-delà des frontières de la Suisse. Près d’une trentaine sont passées en mode croissance («scale-up»), avec à la clé environ 1400 emplois créés en cinq ans.
Réalisée par la BCV, la CVCI et Innovaud, «Vaud innove - Un écosystème aux multiples visages» présente un état des lieux complet de l’écosystème d’innovation dans le canton et dans la région. Le contenu de cette étude a été publié dans un premier temps sur le site www.vaudinnove.ch et l’étude complète en pdf peut être téléchargée depuis la page de l’Observatoire BCV de l’économie vaudoise. Ce document permet de mieux comprendre toutes les facettes des enjeux autour de l’innovation, qui sont stratégiques. Les impacts de ce processus s’imposent à toutes les économies et participer est clé: cela permet d’être acteur et de renouveler le tissu d’entreprises, et pas uniquement de subir les conséquences négatives, avec certains marchés bouleversés par de nouveaux entrants venus d’ailleurs. De plus, la concurrence est de plus en plus globale, les hiérarchies peuvent être bousculées et aucune place n’est acquise.
Comme «Vaud innove - Un écosystème aux multiples visages» le montre, le canton peut s’appuyer sur ses forces, mais il doit aussi prendre en compte un certain nombre de points d’attention s’il veut continuer de développer son écosystème d’innovation. De plus, les activités à haute valeur ajoutée, dont font partie les branches à composante technologique, sont plus résistantes aux aléas de la conjoncture. Dans le contexte prévalant au moment de la finalisation de cette étude - marqué par la pandémie de Covid-19 et la crise économique provoquée par cette dernière -, cet atout n’est pas négligeable. Cependant, la crise actuelle pourrait aussi infléchir la trajectoire de cet écosystème, par exemple si le flux d’investissements en capital-risque devait quelque peu fléchir, ne serait-ce que provisoirement. Face aux difficultés que pourraient connaître certaines start-up ou scale-up dans ce contexte, les autorités fédérales et le Canton ont annoncé des mesures de soutien, en particulier des prêts sans intérêt.
Parmi ses forces, le canton de Vaud est une terre de «deeptech». La densité de sociétés à forte composante technologique et s’appuyant directement sur des avancées est l’une des plus élevées au monde. Le poids des branches à forte composante technologique dans le PIB vaudois a pratiquement doublé en vingt ans, passant de 8,7% en 1997 à 15,7% en 2018. Il se rapproche progressivement de ce que l’on observe dans des économies comme celle de la Californie, berceau de la Silicon Valley. De plus, la densité et la qualité de la recherche académique constituent, ensemble, un autre facteur de différenciation et d’attractivité. La recherche vaudoise est fortement connectée avec le reste du monde et elle s’est hissée en deux décennies à un niveau de classe mondiale. En parallèle à cette dynamique académique, les créations de start-up se sont accélérées et les sociétés innovantes vaudoises ont attiré plus de 2 milliards de francs d’investissements en capital-risque depuis 2012.
Cependant, on constate aussi que le classement de la Suisse comme numéro 1 de l’innovation offre une image en trompe-l’œil. Cette première place doit beaucoup à la présence sur un territoire restreint de deux des plus grands groupes pharmaceutiques mondiaux et du leader mondial de l’alimentaire. Ensuite, la taille limitée de la région constitue un frein par rapport à d’autres écosystèmes plus grands: elle limite le nombre d’opportunités et la disponibilité de ressources clés telles que des fonds d’investissement locaux spécialisés, ainsi que la visibilité et l’attractivité pour les talents et les sociétés.
Des pistes émergent toutefois, qui semblent pertinentes à explorer pour défendre et renforcer les capacités d’innovation du canton. Des plateformes, des structures permettant de favoriser les échanges d’idées ou les relations entre les acteurs pourraient compenser le frein lié à la taille. Attirer dans la région des talents ou des projets à potentiel d’autres écosystèmes plus matures, ainsi que favoriser le transfert de technologie vers les PME permettrait d’enrichir l’écosystème et d’accélérer son chemin vers la maturité. Et bien entendu, continuer de faire attention aux projets à forte croissance («scale-up») est tout aussi important, si ce n’est plus, de par l’impact sur l’emploi de ces sociétés. Ainsi, plusieurs leviers existent pour renforcer l’écosystème d’innovation vaudois. Trouver les bonnes réponses aidera le canton, la Suisse romande ou la Suisse à se positionner dans les défis qui contribueront à façonner l’économie de demain.