La conjoncture mondiale reste morose, mais la situation devrait se détendre avec le recul de l’inflation qui ouvre la perspective d’un assouplissement des politiques monétaires des banques centrales, selon l’OCDE.
Après deux années de conjoncture freinée par un environnement international morose, la croissance de l’économie vaudoise pourrait réaccélérer l’an prochain. Ainsi la hausse du produit intérieur brut (PIB) du canton devrait passer de 0,9% l’an dernier et 1,4% cette année à 2,0% en 2025, selon les dernières prévisions publiées par la Commission Conjoncture vaudoise, un partenariat entre l’État de Vaud, la CVCI, la BCV et les principales associations de branches du canton. L’économie vaudoise devrait ainsi bénéficier de la normalisation attendue de la conjoncture mondiale; les facteurs de risque restent toutefois nombreux, avec notamment une situation géopolitique tendue.
Dans sa dernière évaluation de la situation macroéconomique, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) relève que la conjoncture mondiale reste actuellement freinée par les effets de la hausse des taux d’intérêt, le manque de dynamisme des échanges et les tensions géopolitiques qui pèsent sur le moral des entreprises et des ménages. Cependant, la situation devrait se détendre avec le recul de l’inflation: entre fin 2022 et décembre 2023, le renchérissement est passé de 6,5% en rythme annuel à 3,4% aux États-Unis et de 9,2% à 2,9% dans la zone euro. Cela ouvre la perspective d’un assouplissement des politiques monétaires des banques centrales, relève l’OCDE, et, après avoir fléchi de 2,9% en 2023 à 2,7% cette année, la croissance mondiale pourrait remonter à 3,0% l’an prochain. Notamment, la zone euro, principal débouché des exportations suisses, devrait sortir de l’ornière et voir sa croissance repasser au-dessus de la barre de 1%.
Pour le présent, les indicateurs de la Commission Conjoncture vaudoise reflètent les vents contraires, avec un recul dans l’hôtellerie-restauration et le commerce de détail, ainsi qu’une appréciation de la marche des affaires toujours négative dans l’industrie. La Suisse et le canton ne sont ainsi pas immunisés contre la faiblesse de la croissance mondiale, mais les effets de cette dernière sont en partie compensés par une demande domestique solide. Les deux devraient aussi profiter de la détente qui se profile pour l’an prochain. La conjoncture évolue de manière similaire sur le plan national et dans le canton. Ainsi, après une hausse de leur PIB de respectivement 1,3% et 1,1% pour la Suisse, selon le Secrétariat d’État à l’économie, et de 0,9% et 1,4% pour le canton en 2023 et 2024, la croissance pourrait remonter à respectivement 1,7% et 2,0% en 2025. La Suisse bénéficie également d’une inflation moins forte que dans d’autres régions: celle-ci est passée de 2,8% à 1,7% entre fin 2022 et décembre 2023. Le renchérissement étant revenu sous la barre des 2%, la Banque nationale suisse dispose d’une marge de manœuvre plus grande et n’a plus procédé à de nouvelles hausses de son taux directeur depuis l’été dernier. De plus, le marché de l’emploi reste solide avec un taux chômage proche de son plus bas niveau depuis deux décennies.
Le degré d’incertitude demeure cependant élevé et les freins à la reprise sont nombreux. Les tensions géopolitiques restent fortes et une extension du conflit au Moyen-Orient pourrait avoir des conséquences négatives sur les prix de l’énergie, alimentant un rebond de l’inflation. Cela pourrait aussi avoir des effets négatifs sur la zone euro et repousser l’horizon de l’assouplissement des politiques monétaires. En ce qui concerne la Suisse, d’autres facteurs d’incertitude résident notamment dans l’évolution du cours du franc ou des relations avec l’Union européenne.
Au niveau des branches, la chimie-pharma et le commerce devraient afficher une forte croissance (plus de 2%) cette année et l’an prochain. L’hôtellerie-restauration est dans le même cas, ce qui reflète un rattrapage après un effondrement de l’activité en 2020. Après une croissance modérée (de 0,5% à 2%) en 2024, les activités immobilières pourraient connaître une forte croissance en 2025. Les services publics et parapublics pourraient connaître un repli modéré (entre -0,5% et -2%) cette année, puis une croissance modérée l’an prochain.
Dans les transports et les communications, ainsi que dans l’industrie des machines et l’horlogerie, une stagnation (évolution entre -0,5% et +0,5%) est attendue en 2024 et en 2025. Les services financiers pourraient pour leur part connaître une forte croissance cette année et une stagnation l’an prochain. Dans la construction, une croissance modérée en 2024 pourrait être suivie d’un repli modéré en 2025.
Le PIB est un indicateur essentiel pour évaluer le dynamisme d’une économie. Le PIB vaudois et les prévisions sont calculés par les économistes Claudio Sfreddo (chef de projet depuis 2008) et Giuliano Bianchi, de l’Institut QUANTITAS pour l'analyse et la prévision économiques de la HES-SO. Les taux de croissance suisse et vaudois contenus dans ce communiqué sont corrigés des effets des grandes manifestations sportives internationales. Le PIB vaudois et les prévisions sont publiés quatre fois par an (prochaine parution: avril 2024). Responsables de l’économie privée et décideurs politiques disposent ainsi en tout temps de données et de prévisions à jour, afin de pouvoir mieux préparer leurs décisions et piloter leurs projets.