Après un quart de siècle de baisse, les taux d’intérêt s’inscrivent toujours à un niveau historiquement très bas.
Les taux d’intérêt restent bas, sous l’influence notamment des politiques monétaires des principales banques centrales. Les récentes indications de ces dernières laissent penser qu’il faudra encore attendre avant que l’environnement économique leur permette de changer de politique.
Après avoir procédé à neuf hausses de ses taux directeurs depuis 2015, la Réserve fédérale américaine a dit en début d’année vouloir faire preuve de patience avant de reprendre la normalisation de sa politique monétaire. La Banque centrale européenne a, elle, annoncé que ses taux resteraient à leur niveau actuel – 0% pour les opérations principales de refinancement – au moins jusqu’à fin 2019. Quant à la Banque nationale suisse (BNS), elle devrait rester dans le sillage de son homologue européenne.
À l’origine de ce ton plus prudent des banquiers centraux, une croissance qui a ralenti davantage qu’attendu entre l’automne dernier et le début de 2019. Malgré cet affaiblissement, l’économie mondiale devrait continuer de croître durant la seconde partie de l’année à un rythme encore soutenu, grâce notamment à un marché de l’emploi solide tant aux États-Unis qu’en Europe.
La vigueur sur le marché de l’emploi ne se lit pourtant pas dans l’indice des prix à la consommation. La faible dynamique de l’inflation inquiète les banquiers centraux.
En Suisse, les prix ont progressé de 0,9% l’an dernier. En mars, la BNS a revu à la baisse ses prévisions pour cette année et l’an prochain. L’inflation devrait s’inscrire à 0,3% et 0,6% en 2019 et 2020. On est ainsi loin de la barre des 2%, qui est au cœur de l’objectif de stabilité des prix de la BNS.
Les autorités monétaires suisses soulignent que les fluctuations récentes des prix sont essentiellement dues à la composante externe de l’inflation, soit le cours du franc et le prix du pétrole. Quant à la composante interne, soit l’évolution des prix des biens et services suisses, elle reste stable à un niveau bas.
Un changement de ton des banques centrales dépend donc d’une reprise de l’inflation. Or, celle-ci ne résulte pas que de facteurs conjoncturels. Son repli depuis les années 1980 est également le fait d’éléments structurels, comme le vieillissement de la population, le ralentissement de la croissance des pays industrialisés, l’évolution technologique et la mondialisation. Ainsi en va-t-il également des taux d’intérêt, qui dépendent en partie de l’évolution des prix à la consommation.
En Suisse, les taux d’intérêt et les rendements des créances de la Confédération demeurent bas et même négatifs pour des maturités jusqu’à dix ans. La BNS maintient un écart substantiel entre ses taux et ceux de la zone euro. De cet écart dépend en effet l’attractivité du franc et la BNS tient à dissuader les investisseurs de venir chercher refuge dans la monnaie suisse. Une remontée des taux en Suisse ne sera donc, selon toute vraisemblance, pas à l’ordre du jour avant que la BCE ne modifie sa politique monétaire.