Les consommateurs sont plus déprimés qu’au moment de la crise des années 1990, de l’éclatement de la bulle internet ou de la crise financière de 2008-2009.
«L'indicateur de la situation des affaires en chute libre», «le climat de consommation en Suisse atteint un plancher historique». Les résultats des enquêtes auprès des entreprises et des ménages réalisées en avril et publiées début mai commençaient à montrer les conséquences économiques de la fermeture de nombreux commerces – liée aux mesures de confinement – et du ralentissement de l’économie, ainsi que la chute de la confiance.
Du côté des entreprises, la baisse de l'indicateur du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ en avril a été trois fois plus rapide que lors de la faillite de Lehman Brothers et de la crise financière de 2008-2009. La détérioration concerne aussi bien la marche des affaires que les perspectives pour les affaires et l’emploi au cours des mois à venir.
Les perspectives sont également jugées mauvaises par les ménages suisses. Avec la chute à un plus bas historique en avril de l’indice du climat de consommation du Secrétariat d’État à l’économie, la déprime des consommateurs est plus marquée encore que celle observée au moment de la crise de l’immobilier du début des années 1990, accompagnée par une récession prolongée et par une flambée du chômage, que lors des années de stagnation après l’éclatement de la bulle internet et les attentats du 11 septembre 2001 ou que pendant la crise économique et financière de 2008-2009.
Au-delà des destins marqués par l’épidémie de coronavirus et de ses conséquences économiques, cette dégradation du climat de consommation concerne aussi le marché immobilier. L’un des premiers ingrédients de l’achat d’un logement, qu’il s’agisse d’une résidence principale ou secondaire, est tout simplement la confiance. Le montant investi est important et la transaction est très souvent financée en grande partie par un crédit. Difficile dès lors de s’engager lorsque l’on a des doutes sur l’avenir.
Ces doutes se lisent dans plusieurs sous-indices du climat de consommation. Sur le plan général, les ménages craignent une forte dégradation de la conjoncture ainsi qu’une hausse rapide du chômage. En ce qui concerne leur situation personnelle, la confiance dans la sécurité de leur emploi ne s’est, en moyenne, que modérément dégradée. Ce qui ne les empêche pas d’être pessimistes par rapport à leur situation financière à venir. Et surtout, l’envie de procéder à de gros achats (électroménager, meubles, voiture, etc.) n’avait jamais été aussi basse. À fortiori, l’achat d’un logement devrait avoir perdu quelques places dans la liste des priorités des ménages.
L’évolution de l’indice du climat de consommation et de ses sous-indices, basés sur des sondages trimestriels, ne constitue cependant pas une prévision des décisions d’achat. Elle est très sensible à certains gros événements – le confinement partiel en Suisse jusqu’à début mai en est un. Si, dans le passé, il est arrivé qu’une dégradation de la confiance des ménages n’ait pas eu d’incidence notable sur les dépenses de consommation, la chute est cette fois d’une telle ampleur qu’il semble peu probable qu’elle soit sans effets. Cependant, il est difficile aujourd’hui de les quantifier.