Avant la crise sanitaire, villégiature rimait fréquemment avec court séjour en Europe. Aujourd’hui, escapade rime de plus en plus souvent avec montagne.
Un week-end à Barcelone, Londres, Copenhague ou Ibiza? Depuis le début de l’épidémie de Covid-19 en février-mars, le mois et demi de semi-confinement au printemps, puis les entraves au voyage, les escapades pourraient de plus en plus souvent s'envisager à la montagne. Avant, villégiature rimait fréquemment avec court séjour en Europe, permettant notamment au nombre de passagers à l’aéroport de Genève d’augmenter de 5,4% par an depuis 1998, année des premières dessertes par la compagnie à bas coûts easyJet. Cette année, les mesures pour freiner la propagation du virus ont fait chuter de 60% le trafic de passagers à Cointrin entre janvier et août (derniers chiffres disponibles à l’heure d’écrire ces lignes). Tandis que l’intérêt pour les résidences secondaires a augmenté.
C’est ce que montrent les requêtes sur des plateformes immobilières en ligne pour des logements en propriété dans les Alpes vaudoises en juillet et août: elles ont progressé de deux tiers par rapport à l’année précédente, selon le recensement de la société Realmatch360. La hausse a été plus marquée dans les maisons individuelles (chalets, +78%) que dans les appartements en propriété par étages (+59%).
De manière générale, la crise sanitaire a stimulé la demande pour le logement en propriété. Le télétravail, l’accès plus difficile à l’offre culturelle ou le port du masque obligatoire dans de nombreuses situations tend à diminuer l’attrait des centres urbains au profit de régions plus excentrées. Si l’on ajoute à cela des voyages à l’étranger rendus plus laborieux par diverses mesures sanitaires et un regain d’intérêt pour les lieux de villégiature dans le pays, les résidences secondaires sont les principales bénéficiaires de cette tendance. Globalement, les requêtes sur des plateformes immobilières pour trouver une maison individuelle ou un appartement en PPE dans le canton ont augmenté de 23%, soit moins que pour les résidences secondaires.
Cette tendance va dans le sens d’un rééquilibrage du marché des résidences secondaires, ou pourrait même l’accélérer. Le dossier consacré à ce sujet dans la précédente édition de BCV immobilier («Résidences secondaires: rééquilibrage du marché en vue?») envisageait un retour à l’équilibre dans les Alpes vaudoises pour fin 2021. Ce marché avait été perturbé par la forte augmentation du nombre de constructions de résidences secondaires durant les années qui ont suivi l’acceptation de l’initiative Weber. Combiné à un repli de la demande étrangère, cela a généré une offre excédentaire, principalement dans les Alpes vaudoises.
En conséquence, les prix des résidences secondaires ont peu progressé depuis 2012, alors que, dans le reste du canton, les prix des logements en propriété ont connu une augmentation plus marquée. De plus, le regain d’intérêt pour ces objets pourrait s’inscrire dans une autre tendance de fond: les plateformes de mise en location entre particuliers se sont fortement développées. Un propriétaire peut aujourd’hui plus facilement disposer à la fois d’un usage et d’une rente. Et ainsi créer des lits chauds et favoriser le tourisme local.