La préparation d’un budget est une étape indispensable, comme le rappelle Olivier Rochat, conseiller pour les PME à Lausanne.

Entreprises 4 décembre 2017

Un cours pour créer son entreprise

Comment acquérir le matériel nécessaire à une nouvelle activité? Quels documents sont nécessaires pour présenter une demande de crédit auprès d’une banque? Le 4 octobre dernier, un module du cours proposé par la BCV aux créateurs d’entreprises a permis aux porteurs de projets participants de découvrir les principes de base en matière de financement et de poser leurs questions sans détours.

Ils sont salariés, en reconversion ou déjà à leur compte, spécialisés dans la musique électronique, les voyages dans l’océan Indien ou la physiothérapie… et partagent une envie: créer leur entreprise. Les participants venus ce mardi soir ont déjà suivi les premiers modules du cours Créer votre entreprise, axés sur l’analyse du potentiel de leur projet, sur sa communication et sur les choix de structures juridiques. Ce soir, accueillis par Olivier Rochat, conseiller BCV pour les PME à Lausanne, ils se familiarisent avec la comptabilité d’une entreprise et la détermination de son besoin de financement. Rapidement, une question est sur toutes les lèvres: comment est décidé l’octroi d’un crédit par une banque? Quelles en sont les règles?

Octroi de crédit: chaque cas est particulier

En principe, rappelle Olivier Rochat, il n’y a aucune règle concernant les fonds propres à amener dans un projet. Un point de départ est l’approche du 50/50, à savoir 50% d’apport personnel pour 50% de financement bancaire. «Mais cette règle n’est écrite nulle part, le besoin en fonds propres dépend toujours du projet et de la personne», insiste Olivier Rochat, qui souligne que tout le travail de la banque est d’évaluer la capacité bénéficiaire d’une entreprise. Au fil des échanges et des questions, les participants comprennent la logique que suit le financement bancaire. Il dépend notamment de la nature de l’activité: la valeur et le besoin de financement d’un business intangible, -le consulting par exemple- est beaucoup plus difficile à déterminer que celle d’une entreprise artisanale. L’ancienneté des relations ou de l’entreprise est aussi un facteur important: un projet neuf est a fortiori inconnu, la reprise d’un fonds de commerce permet au contraire de se baser sur des données des années précédentes.

Une fois ces principes intégrés, les entrepreneurs en puissance vont jusqu’à se corriger l’un l’autre. «Donc, si mon projet est parfait, la banque me financera à 100%?», lance l’un d’eux, mi-sérieux, mi-provocateur. Une participante lui répond: «Non, la banque est une source de financement, mais pas la seule». En effet, elle ne finance jamais les fonds propres.

Olivier Rochat souligne l’importance des 3F, à savoir «friends, family and fools», c’est-à-dire les proches, et l’existence de solutions telles que le crowdfunding pour compléter des besoins initiaux. La question des start-up est aussi abordée: «financer le développement d’une nouvelle technologie dans sa phase initiale, c’est le rôle d’investisseurs spécialisés qui entrent au capital de l’entreprise pour réaliser ensuite une plus-value. La banque n’a pas vocation à faire celamais à financer une activité commerciale permettant le remboursement du prêt et le paiement des intérêts», précise Olivier Rochat.

Crédit d’équipement et de fonctionnement: une nuance fondamentale

«Il y a deux types de crédits», explique ensuite le conseiller de la BCV. «Celui dédié à l’équipement et celui dédié au fonctionnement.» Appelé ‘fonds de roulement’, soit les actifs circulants (stocks, débiteurs, travaux en cours), ce dernier laisse certains un peu circonspects au départ. «Je ne comprends pas le fonds de roulement», interroge un jeune participant. «C’est ce qui te permet de garder la tête hors de l’eau. Une limite de crédit. Et tu ne payes les intérêts que sur le montant utilisé», précise rapidement un autre. Une définition complétée par Olivier Rochat et poursuivie par l’étude détaillée d’un tableau de trésorerie. De question en question, les participants apprennent aussi qu’un crédit d’équipement se rembourse en cinq à sept ans en général. Ils en découvrent les rouages et comprennent que les taux d’intérêt sont fonction de la qualité de la société, de sa capitalisation et de sa rentabilité.

Préparer son dossier: besoin d’aide

Une fois les crédits décryptés, il reste à comprendre comment les solliciter. La dernière partie du cours est dédiée aux différents aspects d’un rendez-vous avec un conseiller. Préparer son business plan est une étape indispensable. Le terme effraye plusieurs participants, en demande de conseils: à qui s’adresser pour réaliser ces projections? Fiduciaires ou coachs de GENILEM sont les interlocuteurs adéquats, suggère Olivier Rochat. Le prochain module du cours sera d’ailleurs dédié à ce thème et animé par un coach de GENILEM. Dans tous les cas, un constat s’impose: c’est bien à chaque entrepreneur de constituer au départ, avec lucidité, une estimation de ses dépenses et de ses revenus. Mais cela n’est pas aussi complexe qu’il n’y paraît. «Si vous comptez faire 150 000 francs de chiffre d’affaires, j’attends simplement que vous m’expliquiez comment, en détails», explique Olivier Rochat, qui rappelle que des outils sont disponibles à cet effet sur le site de la BCV, notamment un schéma de business plan.

Enfin, concernant la prise de décision de la banque, le conseiller rappelle que «si la qualité des états financiers de l’entreprise est évidemment calculée automatiquement», l’aspect humain et la personnalité du porteur de projet jouent beaucoup. Il rappelle qu’à la BCV, «toute décision finale est prise par un comité de crédit. Mais un conseiller qui décide d’y présenter un dossier sait qu’il y a de fortes chances d’être validé».

Il incombe désormais à chacun d’évaluer avec clarté ses besoins et ses futurs revenus, qu’ils proviennent de clients à la recherche de vacances paradisiaques ou d’instruments électroniques.

Témoignages

«Le cours m’a rapprochée de mon projet»

Caroline Akrimi a quitté son emploi après un ennui de santé en 2016. Elle en a profité pour lancer son activité: l’organisation de mariages orientaux sur mesure. De la décoration à la restauration, elle désire proposer toute une série de prestations, en fonction des besoins et des budgets. Le nom de son entreprise a été décidé, le nom de domaine sur internet réservé. Caroline Akrimi lancera son activité sous forme de raison individuelle d’ici quelques semaines.

«Je mûris mon projet depuis deux ans. Ce qui est compliqué pour moi, c’est de dénicher les bons produits à proposer à mes clients. Trouver des partenaires et des prestataires est plus simple. Au départ, il me faudra un montant pour acquérir du matériel mais je compte utiliser mes propres liquidités. Le cours de la BCV m’a rapprochée de mon projet, qui me paraît plus concret, plus simple à réaliser. J’en ai mieux décortiqué les étapes. Ainsi, je sais que je préfère tabler sur des petits projets et, si je dois réaliser des emprunts, savoir que je peux rembourser rapidement. Cinq ans, cela me paraît long en la matière, même si c’est visiblement une durée standard pour ce qui est des crédits d’équipement».

«Cette formation m’a rassuré»

Elias Bene est actuellement chef de projet à temps partiel chez GAN - Global Apprenticeship Network à Genève, un réseau qui fédère des entreprises internationales et des ONG pour favoriser l’apprentissage. Par ailleurs, ce joueur de tennis assidu, qui pratique ce sport depuis une trentaine d’années, souhaite s’attaquer à une question encore non résolue: le recyclage des balles. Pour l’heure, il réalise une enquête qui lui permet de définir et de quantifier les besoins en la matière. Ensuite, il souhaite créer et développer une activité spécialie.

«En suivant cette formation, j’avais pour but de mettre mes idées au clair et d’obtenir des précisions sur certains points: le business model, la stratégie marketing. Je souhaitais aussi avoir accès au réseau de la BCV, notamment les intervenants spécialisés, connaître les institutions partenaires de la Banque et les organes de soutien à l’élaboration de mon projet. Ce but est d’ores et déjà atteint. Par ailleurs, le cycle de cours, notamment celui d’aujourd’hui sur les aspects financiers, m’a rassuré! Je m’étais en effet beaucoup documenté par moi-même, j’avais lu un certain nombre d’ouvrages et je réalise que je suis au fait des notions importantes et que j’ai compris les règles essentielles du financement bancaire.»

 Par Camille Andres, rédactrice, pour la BCV

Le cours Créer votre entreprise

Cette session de formation en cinq modules, organisée par la BCV en partenariat avec la CVCI, avec la participation de Genilem et du SAWI, vit sa septième édition. Elle a déjà réuni près de 300 participants au total. L’objectif est d’aborder tous les aspects à connaître et les démarches à mener avant de lancer son projet. Le tarif est de 150 francs.

Chaque module est animé et organisé par l’expert d’un secteur: financement, business plan, communication, etc. Loin d’un cours universitaire, la séance est l’occasion de présenter les concepts incontournables à chaque domaine, mais aussi de permettre aux participants d’évoquer leurs propres problématiques. Outre l’expertise acquise, l’intérêt est aussi de rencontrer des entrepreneurs issus de tout le canton, partageant parfois les mêmes questions; des échanges qui peuvent donner naissance, tôt ou tard, à des synergies!