Dans le cas d’une transmission intra-familiale, des questions de planification successorale se posent très souvent.

Entreprises 31 janvier 2018

«La vente d’une entreprise est un processus dynamique»

Afin qu’une vente d’entreprise se réalise dans les meilleures conditions –aussi bien en ce qui concerne la transaction elle-même que le patrimoine et la retraite future du vendeur– ce dernier doit réfléchir aux différentes options qui s’offrent à lui plusieurs années à l’avance. Voilà l’une des recommandations centrales, parmi d’autres, que Didier Muller, responsable PME, et Christophe Millius, responsable Private Banking pour la région Riviera à Vevey, donnent à leur clientèle. Interview.

Quels sont les aspects préalables à prendre en considération lors d’une vente d’entreprise?

Didier Muller: Souvent, un patron confronté à la transmission de son entreprise se retrouve face à une situation complexe qui mêle des considérations privées et émotionnelles, mais aussi diverses facettes plus techniques impliquant différents partenaires. Il pourra difficilement disposer de toutes les connaissances nécessaires. Comme partenaire bancaire, nous allons l'aider à structurer sa démarche. Il est important de s’entourer d’une équipe de spécialistes et la clé consiste à s’y prendre suffisamment tôt, soit 5 à 10 ans avant la transmission.

Christophe Millius: L’entreprise représente souvent la base la plus importante du revenu et du patrimoine d’un patron. Ce dernier se pose dès lors assez vite la question de sa retraite après la vente de l’entreprise. A titre privé, nous pouvons alors l'accompagner dans ses réflexions avec une planification de retraite tenant compte de ses besoins et de ses attentes. Cette démarche structurée, mais adaptée à chaque situation, permet de planifier les revenus nécessaires et suffisamment confortables par rapport aux souhaits du patron vendeur.

Quelles sont les différentes options qui s’offrent au vendeur?

Didier Muller: Il existe trois types de ventes que l’on retrouve sur le marché. Une personne peut remettre son entreprise à un membre de sa famille, à un collaborateur ou à une personne externe. Garder l’entreprise au sein de la famille est, en général, l’option que préfèrent les entrepreneurs. Si ce n’est pas possible –et c’est de plus en plus souvent le cas– ils peuvent se tourner vers un employé ou un groupe d’employés-clés. Ceci permet d’assurer une certaine pérennité à l’entreprise. Enfin, ils peuvent également vendre à un entrepreneur extérieur ou à une entreprise concurrente par exemple.  

Christophe Millius: Dans le cas d’une transmission intra-familiale, des questions de planification successorale se posent très souvent. Lorsqu’un ou deux enfants reprennent l’entreprise, il s’agit notamment de savoir comment garder un équilibre dans le cadre de son patrimoine avec les autres héritiers. Pour ce faire, il faut s’y prendre suffisamment en amont et adopter une vision sur le long terme.

Qu’en est-il plus précisément des aspects fiscaux?

Didier Muller: L’un des points les plus importants concerne les liquidités que le patron a laissées au sein de son entreprise au fil des ans. Cet aspect peut souvent poser des problèmes fiscaux au moment de la transmission, qui peuvent compliquer la vente. Afin de l'éviter, il convient que le patron ne laisse pas une trésorerie excédentaire dans la société et planifie des retraits au cours des années précédant la remise.

Christophe Millius: Bien sûr, retirer progressivement ces liquidités doit être pris en compte dans la planification de la retraite du patron. Afin d’évaluer au mieux les conséquences fiscales de chaque option, il peut se révéler judicieux de travailler avec un fiscaliste. Le meilleur moyen d’optimiser sa situation est de s’y prendre suffisamment à l’avance. Ceci permet de garder un maximum d’options ouvertes. Plus on arrive tard dans le processus et plus on devra subir la transaction.

Comment peut-on évaluer au mieux le prix de vente d’une entreprise?

Didier Muller: Il arrive souvent que l’on aboutisse à différentes valeurs selon la méthode utilisée. Les conditions sont évidemment différentes si la transaction s’effectue au sein de la famille ou auprès d’une tierce personne. De même, le prix peut fortement varier selon que l’on vende ou non l’immeuble de l’entreprise avec cette dernière. Le secteur d’activité et le niveau de concurrence entrent aussi en ligne de compte. Intuitivement, le patron a souvent tendance à surévaluer la valeur de son entreprise. C’est également pour cela qu’il est important d’avoir du temps devant soi. Le parton peut ainsi prendre progressivement conscience de la valeur réelle de son entreprise sur le marché.  

Christophe Millius: On pense parfois que la vente d’une entreprise est quelque chose qui se réalise à une date précise. Or, c’est souvent un processus dynamique qui s’étale sur plusieurs années. Par conséquent, il est important de bien profiter de cette période pour planifier au mieux sa retraite, notamment lorsque le patron est encore actif.

 Par William Türler, rédacteur, pour la BCV

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