Eros et Laurence Fasciolo sont à la tête de la Maison du Blé et du Pain
Depuis octobre 2018, Eros et Laurence Fasciolo sont les nouveaux propriétaires de la société d’exploitation de la Maison du Blé et du Pain, véritable institution de la ville d’Echallens. Avec l’aide de la BCV, ils ont réussi le tour de force de boucler un plan de financement et d’assurer la reprise de l’établissement en quatre mois.
On dit souvent que les transmissions d’entreprise doivent être mûrement réfléchies. Pour mettre toutes les chances de son côté, mieux vaut donc calculer le processus en années plutôt qu’en mois. Mais dans la pratique, les contingences sont parfois telles qu’elles demandent de la réactivité, de l’opiniâtreté et une inflexible volonté pour aller de l’avant afin de boucler une transaction avant qu’il ne soit trop tard. Ces qualités, on peut facilement les mettre au compte d’Eros et Laurence Fasciolo, les nouveaux propriétaires de la société d’exploitation de la Maison du Blé et du Pain à Echallens, véritable institution de la ville, si ce n’est du canton, qu’ils ont repris en tout juste quatre mois à partir des premières discussions avec l’ancien propriétaire Luc Polli. Résultat: «je ne me suis jamais senti aussi bien que les mains dans la farine, expose Eros Fasciolo, fils de boulanger marié à Laurence, dont la famille est également dans la boulange depuis quatre générations. Pour résumer, je dirais que chez nous, le pain c’est une véritable histoire d’amour!».
En fait, tout a commencé par un ras-le-bol. Après 10 ans passés comme directeur d’exploitation et de production d’une grosse entreprise genevoise employant quelque 300 collaborateurs, Eros Fasciolo veut revenir aux sources du métier. Commence alors une véritable traversée du désert. Pas facile de trouver chaussure à son pied à passé 50 ans, avec une solide expérience aussi bien comme boulanger que gestionnaire. Jusqu’à ce qu’une connaissance le mette sur la voie de la Maison du Blé et du Pain à Echallens. À la tête de sa société d’exploitation depuis une vingtaine d’années, Luc Polli, également actif dans la Chocolaterie Blondel à Lausanne, cherche à alléger sa charge de travail. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, il se trouve qu’Eros Fasciolo et Luc Polli sont de vieilles connaissances pour avoir travaillé de concert dans ce qui était encore Polli Lausanne. Amis depuis toujours, les deux hommes se retrouvent, non sans émotion, à discuter transmission. «Pour moi, la Maison du Blé et du Pain a été comme un coup de foudre, commente Eros Fasciolo. J’ai tout de suite senti qu’il y avait une âme dans cette entreprise, une âme qui m’a tout de suite aspiré. Il me fallait donc trouver les capitaux nécessaires pour entrer en négociation. À partir de là, ça a été le branle-bas de combat.»
C’est que la Maison du Blé et du Pain n’est pas n’importe quelle boulangerie. Née en 1978 de l’enthousiasme de toute une région, à la suite de la toute première Fête du Blé et du Pain organisée sur le modèle de la Fête des Vignerons, c’est d’abord l’idée d’un musée qui fait son chemin pour célébrer cet aliment originel vieux de 10 000 ans. Il faudra une dizaine d’années pour la concrétiser. En 1989, la Maison est inaugurée officiellement, regroupant une association qui chapeaute le musée avec une conservatrice à sa tête, et la partie entrepreneuriale, la boulangerie, confiée à Luc Polli. Celle-là même que viennent de reprendre début octobre 2018 Eros et Laurence Fasciolo. «La partie n’a toutefois pas été facile et le projet de reprise a bien failli capoter à plusieurs reprises, avoue Eros Fasciolo. Ce qui nous a sauvés? Le parler vrai et la transparence lors de notre entrevue avec la BCV».
Sensible à leurs arguments, la BCV les a écoutés. Elle a redéfini les objectifs et le plan de financement pour mieux les suivre dans la transaction. «Je pense aussi que la BCV voyait d’un bon œil le fait d’avoir comme cliente une «institution» bien vaudoise comme la société d’exploitation de la Maison du Blé et du Pain. En tout état de cause, nous avons pu avancer dans le projet et ainsi sécuriser la reprise, poursuit Eros Fasciolo. C’est bien la preuve qu’il y a encore des valeurs dans ce monde. Et croyez-moi, j’en suis le premier heureux. Cette Maison rythme la vie d’Echallens et moi, j’adore en faire partie. La proximité avec le client, les opportunités de développement, le travail au fournil, c’est une nouvelle aventure qui commence.»
Par Christophe Roulet, rédacteur