L'affaiblissement récent du franc est tout bénéfice pour les entreprises exportatrices suisses.
Devise refuge de référence ces dix dernières années contre l’euro, le franc suisse a récemment perdu de sa superbe. Après avoir fluctué entre 1,06 et 1,11 pendant près de deux ans, il a rapidement perdu du terrain, depuis cet été, pour tomber à un plus bas depuis près de trois ans contre l’euro.
La diminution des incertitudes politiques en Europe (élection d’Emmanuel Macron, reconduction d’Angela Merkel) a certainement favorisé l’affaiblissement du franc. L’atonie de la reprise en Suisse, où la croissance du PIB est deux fois plus faible que dans la zone euro, y a aussi contribué. C’est tout bénéfice pour nos exportateurs, si le franc s’étiole; c’est peut-être moins rassurant pour notre pouvoir d’achat au vu de l’augmentation probable des prix des produits importés.
Si le franc s’est déprécié contre l’euro, il reste cher lorsque l’on considère la parité de pouvoir d’achat, une mesure qui permet de comparer la quantité d'unités monétaires nécessaires dans des pays différents pour se procurer le même «panier» de biens et de services. S’il s’est rapproché de cette parité de pouvoir d’achat, estimée légèrement au-dessus de 1,20 franc pour un euro, notre monnaie peinera à poursuivre sans anicroche sa route en direction de l’ancien cours plancher de la Banque nationale suisse (BNS).
Le foisonnement de nouvelles incertitudes politiques en Europe (indépendance de la Catalogne, renforcement de la droite conservatrice en Autriche, etc.) et les tensions géopolitiques internationales pourront freiner l’affaiblissement du franc, tout comme la maigreur des rendements supplémentaires que l’on peut obtenir en investissant en euros.
Vu la faiblesse toute relative du franc, la BNS conservera une politique monétaire extrêmement souple ces prochains trimestres et ne manquera pas d’intervenir pour empêcher tout renforcement intempestif de notre devise.
Publié sur le site 24 Heures le 18 octobre 2017