Les entreprises et le secteur public commencent à entrevoir le potentiel pour leurs activités.
Née avec la monnaie numérique Bitcoin, la technologie blockchain est censée être révolutionnaire. Elle suscite cependant tout à la fois espoirs, fantasmes et craintes.
La blockchain – ou «chaîne de blocs» – représente un registre numérique partagé par tous les utilisateurs, sécurisé, décentralisé et sans intermédiaire. Son secret réside dans le fait que ce registre contient l’historique de tous les échanges effectués. Les ordinateurs des participants vérifient et enregistrent les transactions sans aucun besoin de transiter par un tiers. Les transactions sont regroupées sous forme de blocs et chaque bloc validé est ajouté à la chaîne de blocs. Le registre est qualifié d’infalsifiable, car son caractère distribué en fait sa protection. Chaque participant possède une copie de la base partagée. Pour falsifier les transactions, il faudrait modifier les registres de l’intégralité des participants du réseau.
Les possibilités d’application sont très variées et touchent tous les domaines de la société. Qu’en est-il en Suisse? Selon Vincent Pignon, conseiller en blockchain à l’État de Genève et fondateur de WeCan Fund, la Suisse se situe dans le top 3 mondial. Beaucoup d’acteurs majeurs se financent en Suisse par des ICO (Initial Coin Offering). Un tiers des 10 plus grandes ICO ont eu lieu en Suisse. «Les entreprises et le secteur public ont commencé à entrevoir le potentiel pour leurs propres activités», explique Antoine Verdon, entrepreneur et investisseur dans les fintech.
L’été dernier déjà, le Paléo Festival de Nyon a monté un projet pilote, afin de tester le processus d’émission, de transfert et d’activation des billets à partir d’une application mobile basée sur la blockchain. Objectif: limiter les reventes de billets au marché noir. Le projet se poursuit cette année.
À Zoug, la Ville a lancé un projet pilote d’identité numérique. Le système garantit que les données ne peuvent être falsifiées. La Ville évalue d’autres fonctions comme l’accès aux services administratifs électroniques, la location de vélos, la gestion numériques des parkings ou l’emprunt de livres sans carte de bibliothèque.
À Genève, le Canton et l’organisation E-Gouvernment testent durant six mois un Registre du commerce qui doit réduire de six semaines à 48 heures le processus de création d’une entreprise. La vérification et la transmission des documents doit se faire en 20 secondes.
L’UBS – première banque de Suisse – s’est, elle aussi, lancée dans une alliance avec, entre autres, Deutsche Bank, Bank of New York Melon et Credit Suisse, afin de créer l’USC (Utility Settlement Coin). Le but est d’accélérer le transfert de fonds, qui peut prendre du temps, dans les transactions sur titres.
Hors de nos frontières, la blockchain entre même à Hollywood. En juin prochain, le film No Postage Necessary sera le premier à être accessible via une plateforme utilisant la technologie blockchain. Et le réalisateur de rêver un monde où les films ne seront plus piratés.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 30 avril 2018