Que de chemin parcouru depuis janvier 2015 et l’abandon par la Banque nationale suisse (BNS) du cours plancher de l’euro-franc.

MARCHÉS 25 avril 2018
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La BNS va-t-elle gagner son pari sur le franc?

Que de chemin parcouru depuis janvier 2015 et l’abandon par la Banque nationale suisse (BNS) du cours plancher de l’euro-franc qu’elle avait fixé!

Rappelez-vous, à l’époque, malgré des taux d’intérêt à court terme déjà en territoire négatif, la BNS avait été forcée de laisser le franc se renchérir sous les coups de boutoir des investisseurs internationaux avides de la sûreté de notre devise. Cette mesure extrême s’accompagnait d’interventions massives sur le marché des changes pour éviter tout nouveau renforcement intempestif du franc.

Qui, alors, n’a pas vilipendé la BNS pour avoir pris cette mesure? Qui n’a pas peint le diable sur la muraille en annonçant une crise économique majeure en Suisse, un carnage pour nos exportateurs ou la déflation assurée?

Les pythies ont en grande partie eu tort. La croissance n’a pas capoté, même si 2015 n’a pas été une année tonique (croissance du PIB de 1,2%) avant un rebond en 2016 et un nouveau coup de mou l’an dernier. Nos entreprises ont certes souffert, mais elles se sont adaptées et affichent dorénavant une compétitivité plus affûtée qu’il y a quatre ans. L’inflation est en revanche tombée en territoire négatif, fragilisant le chiffre d’affaires des entreprises, reportant les investissements ou modérant les augmentations de salaire.

En regardant la récente évolution du franc, qui se rapproche de sa juste valeur par rapport à l’euro, et au vu des perspectives de croissance de notre pays, on pourrait croire que la BNS a gagné son pari. Cela veut-il dire qu’elle peut abandonner ses taux d’intervention négatifs? C’est prématuré. N’oublions pas que le mandat de notre banque centrale vise essentiellement à maintenir la stabilité des prix. Et même si l’inflation est un peu plus présente actuellement (+0,8% en mars sur un an), elle est encore loin de l’idéal de la BNS.

Publié sur le site 24 Heures le 25 avril 2018