La Grèce reprend son souffle mais doit maintenir ses efforts pour venir à bout de la crise.

MARCHÉS 25 juin 2018
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La Grèce de retour sur les marchés financiers

C’est le 20 août prochain que la Grèce sortira officiellement du troisième plan d’aide européen accordé en 2015. Pour rappel, Athènes a été placée sous tutelle financière en 2010 mais l’origine de ce problème date de 1981, lorsque le pays a rejoint la Communauté économique européenne. A partir de cette date, il a obtenu chaque année l’équivalent de 4% de son produit intérieur brut d’aides communautaires et de fonds structurels. Mais l’utilisation de ces fonds n’a pas été gérée de manière sérieuse et structurée, laissant l’intérêt général au deuxième plan.

L’endettement de la Grèce a dès lors connu une envolée spectaculaire. Entre 2002 et 2009, il a été dépensé € 830 mia pour des recettes de € 680 mia, et ce malgré des taux d’intérêts très favorables. Athènes n’était visiblement pas prête à entrer dans la Communauté économique européenne, affectée entre autres par une fonction publique défaillante, des emprunts considérés comme des revenus fermes, ainsi qu’un système social très généreux.

Pour faire face à cette situation, le FMI (Fonds monétaire international) a accordé à l’Etat grec les plans d’aide suivants:

2010: La Grèce doit € 300 mia. Le premier plan consiste en un prêt de € 108 mia sur trois ans, octroyé par l’Europe et le FMI. Le pays met en place un plan d’austérité drastique.

2011: Le deuxième plan accorde € 109 mia. Le FESF (Fonds européen de stabilité financière) est mis en place. Les banques et assurances acceptent de renoncer à 21% de leurs créances. Cette même année, l’Europe et le FMI font une rallonge de € 100 mia. A leur tour, les créanciers privés renoncent à 50% de leurs créances, soit € 100 mia.

2015: Le troisième plan accorde € 86 mia à Athènes. La Grèce obtient également un accord sur la restructuration de la dette, elle doit dorénavant € 320 mia. Elle s’engage à voter toute une série de réformes complexes, comme l'augmentation de la TVA à 23% et une réforme des pensions pour limiter au maximum les départs anticipés à la retraite.

Un accord historique

C’est donc avec beaucoup d’inquiétudes qu’Athènes attendait les résultats des négociations qui se sont tenues lors de l’Eurogroupe du 21 juin dernier. Malgré le fait que l’Allemagne se soit montrée réticente sur l’allègement de la dette, un accord historique a été trouvé à cette occasion par les 19 ministres de la zone euro. Alors que la dette grecque se monte à 180% de son PIB, cet accord permet à Athènes de quitter la tutelle de ses créanciers et d’effectuer son retour sur les marchés financiers à partir du 21 août prochain, ce qui lui permettra de se financer de façon autonome. La Grèce a également obtenu une prolongation de 10 ans des échéances de remboursement, soit de ne les débuter qu’à partir de 2032, contre 2022 initialement. Elle recevra également une dernière tranche d’aide de € 15 mia.

Publié dans le  commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV , le 25 juin 2018