Les actions bancaires demeurent délaissées, en particulier en Europe.
Il y a tout juste un peu plus de dix ans, l’effondrement de la banque américaine Lehman Brothers, plombée par des crédits immobiliers risqués, entraînait le monde vers sa plus profonde crise économique depuis les années 30. Contrairement à certaines de ses concurrentes en difficulté (Merrill Lynch, Bear Stearns), la banque d’investissement n’a pas trouvé de repreneur. Les autorités américaines, qui venaient de sauver une semaine auparavant les géants du crédit hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, sont restées impassibles. La plus grosse faillite de l’histoire des États-Unis laissera une ardoise de 691 milliards de dollars et 25 000 employés sur le carreau. Les banques centrales ont immédiatement adopté des politiques monétaires extrêmement accommodantes, qui se traduiront notamment par plus de 700 abaissements de taux directeurs dans le monde et par des rachats d’actifs supérieurs à 12 400 milliards de dollars.
Corollaire de ces mesures urgentes et de la nationalisation de nombreux établissements, les États ont imposé de nouvelles règlementations afin d’éviter une autre crise. Les grandes banques vont devoir doubler leurs fonds propres, se soumettre régulièrement à des bilans de santé et conserver des liquidités suffisantes. Elles retrouveront peu à peu les chiffres noirs sans toutefois atteindre, en raison de ces contraintes, les marges bénéficiaires qui prévalaient avant la crise. En revanche, les actions bancaires demeurent délaissées, en particulier en Europe. Les cours boursiers des banques du Vieux Continent affichent aujourd’hui à peine la moitié des prix d’avant septembre 2008. Lundi prochain, l’exclusion de l’Euro Stoxx 50 de Deutsche Bank, autrefois neuvième plus grande capitalisation boursière de la zone euro, illustre très bien la réserve, peut-être trop excessive, des investisseurs à l’égard du secteur.
Publié sur le site 24 Heures le 12 septembre 2018