Le 3 avril 2018, l’action Spotify vivra son premier jour de cotation à la Bourse de Wall Street sous le symbole SPOT.

MARCHÉS 19 mars 2018

Les introductions en bourse reviennent sur le devant de la scène

Après des années de relative faiblesse, le marché des introductions en bourse ou initial public offerings (IPO) connaît un regain d’intérêt depuis quelques mois, une tendance qui devrait perdurer en 2018. Les opérations les plus importantes de 2017 ont été Snap pour un montant de 3,9 milliards de dollars, Allied Irish Banks, pour 3,8 milliards de dollars et Pirelli pour 2,8 milliards de dollars. Sur le marché Suisse, Landis & Gyr (2,4 milliards de dollars) et Galenica (1,9 milliard de dollars) ont été les principaux acteurs. 

L’an dernier, le nombre d’IPO s’est établi à 1624, en hausse de près de 50% sur 2016, et au niveau le plus élevé depuis 10 ans. En ce qui concerne les volumes, la progression est d’environ 40% à 189 milliards de dollars. D’un point de vue géographique, c’est la Chine qui a été la plus active, avec une augmentation de 68% à 582 unités ou 36% des IPO mondiales; cela ne représente toutefois qu’une hausse de 3% en volume, à 49 milliards de dollars. Aux États-Unis, la hausse du nombre des IPO s’est élevée à 55%: 174 entités pour un volume de 39 milliards de dollars. Enfin, en Europe, on a assisté à 250 IPO (+30%) pour un montant de 46 milliards de dollars. Du côté sectoriel, les valeurs industrielles et les financières ont été les plus actives. 

Une variante risquée, l’ICO

Les différents éléments décrits ci-dessus concernent le segment des IPO. Pour celles-ci, après la publication d’un prospectus d’émission et une phase de souscription, la société émettrice charge un syndicat composé de banques introductrices ou underwritters de fixer le prix d’introduction en bourse et de répartir les titres auprès de la clientèle ayant manifesté de l’intérêt.

Or, depuis peu, une nouvelle technique de levée de fonds a fait son apparition, la levée de fonds en cryptomonnaie ou initial coin offering (ICO). Cette nouvelle approche est considérée comme très risquée, et elle vise à lever des fonds très rapidement. Les investisseurs y participent en payant avec des bitcoins et reçoivent en échange des «tokens» (jetons ou actifs numériques) qui pourront être utilisés pour acquérir des produits ou des services. En juin 2016, le cofondateur de Mozilla a ainsi levé 35 millions de dollars en trente secondes pour son nouveau navigateur, Brave. 

Plus récemment, la future introduction en bourse du service de streaming musical Spotify va s’effectuer via la technique dite de «cotation directe». Cette technique n’est utilisée que rarement, par de petites capitalisations boursières (small caps) et elle diffère passablement de l’IPO conventionnelle, car il ne s’agit pas d’une offre publique. La société concernée, Spotify par exemple, cède ses titres à des contreparties financières (brokers) qui se chargent de l’introduire en bourse à un prix convenu entre les deux parties. La responsabilité exclusive de l’opération revient donc à ces contreparties et non pas aux actionnaires initiaux qui, eux, leur ont déjà cédé leurs titres. Rendez-vous le 3 avril prochain, date à laquelle l’action Spotify vivra son premier jour de cotation à la Bourse de Wall Street sous le symbole SPOT. 

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 19 mars 2018