Une hausse mesurée de l’inflation permettrait aux banques centrales d’abandonner graduellement les politiques monétaires hors normes menées ces dix dernières années.
Depuis le début du mois, les marchés financiers ont vécu des journées très agitées. Ce n’est pas que la croissance mondiale déçoive, bien au contraire. C’est plutôt lié à la crainte d’une brutale accélération de l’inflation qui forcerait les banques centrales à se montrer moins conciliantes bien plus rapidement que ce qui était encore escompté en début d’année.
Mais pourquoi, tout d’un coup, avoir peur d’une augmentation plus régulière des prix à la consommation? Il est tout à fait normal que l’inflation soit plus présente lorsque la croissance est robuste, que le marché du travail s’améliore, que les taux d’utilisation des capacités de production gonflent et que les cours des matières premières grimpent.
La perspective d’une hausse de l’inflation est rassurante pour la pérennité de la reprise. Les consommateurs seront enclins à dépenser immédiatement afin d’éviter de payer davantage plus tard. Imaginant pouvoir relever leurs prix de vente, les entrepreneurs, eux, pourraient investir pour accroître leurs volumes de vente. Enfin, une hausse mesurée de l’inflation permettrait aux banques centrales d’abandonner graduellement les politiques monétaires hors normes menées ces dix dernières années pour sortir l’économie mondiale de la violente récession de 2008-2009.
L’abandon de ces politiques monétaires très accommodantes prendra du temps. La progression des prix à la consommation est certes positive, mais elle reste contenue, inférieure à 2%, même aux États-Unis qui sont entrés dans leur huitième année de croissance ininterrompue. Ce chiffre de 2% n’est toutefois pas anodin. Il représente, grosso modo, l’objectif d’inflation à long terme des banques centrales occidentales, une ligne rouge qui, si elle était franchie, les pousserait à relever les taux courts. Mais on en est encore loin dans la zone euro et en Suisse.
Publié sur le site 24 Heures le 14 février 2018