Amazon se lance dans la vente de médicaments sur ordonnance.
Fin 2017, le leader mondial du e-commerce, Amazon, obtenait l’autorisation de distribuer des médicaments sur ordonnance dans une douzaine d’états américains. Une première étape dans la conquête d’un marché qui pèsera plus de 600 milliards de dollars en 2021.
Cette arrivée était prévisible. Pourquoi Amazon se serait, en effet, privé d’un marché aussi important et dont la croissance est soutenue par une demande solvable et en progression constante? D’autant que la vente en ligne de médicaments de prescription est largement développée aux États-Unis et que le groupe y commercialise déjà des dispositifs médicaux et des médicaments d’automédication.
Amazon a annoncé, le 28 juin dernier, qu’elle se lançait officiellement dans la vente de médicaments sur ordonnance en ligne, après le rachat de PillPack – pour un montant d’un milliard de dollars – qui détient des licences de distribution dans tous les états américains.
Sans surprise, cette annonce a eu un impact sur les grandes pharmacies telles que Walgreen, CVS Health ou encore Rite Aid, qui ont perdu près de 11 milliards de dollars de capitalisation cumulée le jour de l’annonce. Les distributeurs de médicaments tels que Cardinal Health et AmerisourceBergen ont également été pénalisés. De son côté, Amazon a gagné près de 20 milliards de dollars de capitalisation sur l’annonce, preuve que son entrée dans le segment inquiète la concurrence et représente une opportunité de taille pour le plus important distributeur en ligne au monde.
À court terme, Amazon ne devrait conquérir qu’une faible portion du marché des dépenses de médicaments aux États-Unis, estimée à 453 milliards de dollars par an. En revanche, si, comme à son habitude, le groupe réussit à simplifier les processus de commandes et à réduire les prix comme il l’a déjà fait pour les livres, les vêtements et d’autres catégories de produits, Amazon pourrait une fois de plus transformer toute une industrie.
Outre le recrutement d’un directeur général à la tête d’une équipe chargée du secteur pharmaceutique, le groupe a d’ores et déjà testé plusieurs modèles de distribution. Au Japon, il s’est associé à deux chaînes de pharmacies pour proposer la vente en ligne et la livraison le jour même de la commande pour certains médicaments. En Allemagne, il commercialise des médicaments d’automédication grâce à des partenariats mis en place avec des e-pharmacies: celles-ci valident les commandes, Amazon se charge de leurs livraisons, effectuées, là aussi, le jour même de l’achat par l’internaute.
Si l’entrée d’Amazon représente déjà un risque réel pour les différents acteurs de la santé aux États-Unis, certains investisseurs estiment que le groupe pourrait aller bien plus loin, en créant sa propre Pharmacy Benefit Management et en développant ses propres outils d’analyses de données médicales, afin de révolutionner un système de santé américain encore bien trop complexe et trop peu efficient.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 16 juillet 2018