Les courbes de taux française et allemande ont subi une baisse spectaculaire.
Depuis le début de l’année 2019 et encore plus particulièrement depuis le début du mois de juin, on observe une pression constante sur la courbe des taux des principales économies européennes.
L’Europe se trouve actuellement – et malgré elle – au milieu du conflit sino-américain et n’a, pour le moment, pas les moyens de le contrer ou de s’en distancer. Ajoutons à cela le risque d’une guerre commerciale potentielle avec les États-Unis et une flambée au Moyen-Orient et nous avons tous les ingrédients pour faire passer toute la courbe – ou du moins un grande partie – des taux des principales économies européennes proche de zéro voir dans le négatif.
L’exemple le plus parlant est celui des courbes françaises et allemandes qui ont subi une baisse spectaculaire la semaine dernière à la suite des commentaires de la Réserve fédérale américaine qui annonçait être prête à descendre les taux directeurs si la situation économique actuelle perdurait. Les rendements des obligations françaises et allemandes ont perdu plus de 10 points de base chacun. Cela a fait passer l’obligation à 10 ans de la France en territoire négatif pour la première fois.
Ensuite, lors du dernier rendez-vous de la Banque centrale européenne, Mario Draghi a annoncé être prêt à intervenir avec de nouvelles mesures sur les marchés. Les obligations européennes ont de nouveau subi une pression baissière, mais celle-ci a été un tant soit peu contenue.
Actuellement, les différents acteurs du marché ne semblent pas anticiper une remontée des taux à court terme. Dans ce contexte, il ne serait pas impossible de voir pour la première fois toute la courbe des taux allemande passer en territoire négatif. Cela serait une première et marquerait un chemin incertain et très long vers un retour à la «normale», en d’autres termes vers des taux positifs sur l’ensemble de la courbe.
Les seuls bénéficiaires de la situation actuelle sont les obligations dites de degré spéculatif, qui sont les plus exposées à la remontée des taux. Cela leur permettrait d’émettre à des conditions plus favorables et leur donnerait ainsi un peu de répit face à leurs défis de recapitalisation à moindre coût, afin de pouvoir mieux anticiper une future «potentielle» montée des taux.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 25 juin 2019