Réduire les émissions de CO2 a des incidences financières notables.
Le réchauffement climatique n’influence pas que la terre, mais aussi les marchés financiers. S’engager sur la voie du bas carbone pour ralentir le réchauffement de la planète a un impact direct sur les acteurs économiques. Rendement et respect du climat ne sont toutefois pas totalement antinomiques.
Le risque climatique est ressorti, en 2015, comme l’un des principaux risques pesant sur le système financier actuel. Cette même année, lors de l’Accord de Paris sur le climat, il a été jugé primordial de conjuguer les interventions publiques et privées. Les États se sont alors engagés sur la voie du bas carbone, afin de limiter le réchauffement à 2°C d’ici 2100.
Ces engagements ont des incidences financières pour les acteurs économiques et le risque d’un recul des actions énergétiques, immobilières et des transports devient important. Plusieurs experts du climat estiment que le secteur de l’énergie aura besoin à lui seul d’un investissement oscillant entre USD 190 et 900 milliards par an d’ici 2050. L’Agence internationale de l’énergie prévoit que les pays membres des Nations Unies devront dépenser, entre 2015 et 2030, environ USD 13 500 milliards, afin d’honorer les engagements de l’Accord de Paris. Sur ce montant, les pays membres devront investir USD 8 300 milliards pour la promotion de l’efficience énergétique, le solde étant réservé à la mise sur pied d’installations de production d’énergie à faible intensité de carbone.
Les actionnaires d’Exxon Mobil ont décidé, en mai 2017, de mieux expliquer la signification d’une réduction mondiale des émissions de CO2. Dans le même temps, les États-Unis se retiraient de l’Accord de Paris. La décision des actionnaires ne doit pas être perçue comme une réaction politique au changement de cap opéré par la Maison-Blanche. Elle exprime plutôt la volonté des investisseurs de pouvoir estimer correctement leurs risques et de garantir la rentabilité de leurs placements à un moment où le monde évolue vers une économie à faible intensité de carbone. À l’avenir, les investisseurs vont devoir examiner non seulement les risques de marché, de liquidité et d’exploitation, mais également la capacité de résistance aux phénomènes météorologiques extrêmes ainsi qu’aux modifications durables du climat.
Une étude de BlackRock explique que les risques matériels et conjoncturels occasionnés par le réchauffement planétaire augmentent pour les investisseurs ayant un horizon de placement à long terme; ceux-ci bénéficieront, en contrepartie, des avantages liés aux nouvelles technologies qui ne sont rentables qu’à long terme. Quant aux investisseurs appliquant une politique de placement à court terme, ils sont plus susceptibles d’affronter des risques réglementaires. BlackRock estime néanmoins que recherche du profit et politique de placement respectueuse du climat peuvent aller de pair. Ainsi, l’indice MSCI Low Carbon Target surperforme l’indice MSCI ACWI (actions monde) sur les cinq dernières années. Les multinationales ayant réduit leur empreinte CO2 sont, en outre, généralement plus rentables que celles qui sont à la traîne. Les agences de notation, comme Standard and Poor’s, ne sont pas en reste: les différents risques climatiques sont désormais analysés afin d’établir la solvabilité des sociétés financières.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 4 février 2019