Le porc représente deux tiers de la viande consommée en Chine. En raison de l'épidémie de fièvre porcine, le pays pourrait perdre 40% de sa production cette année.
L'épidémie de fièvre porcine s'inscrit dans un contexte de ralentissement de l'économie chinoise et de fêtes du 70e anniversaire de République populaire.
Un an après l’apparition des premiers cas l’été dernier dans le nord de la Chine, la fièvre porcine a contaminé toutes les provinces chinoises. Certaines estimations prédisent que le pays pourrait perdre 40% de sa production porcine cette année. Une véritable catastrophe pour le premier producteur et consommateur de porc au monde, avec 54 millions de tonnes en 2018, soit plus de la moitié de la production mondiale. Ironie de l’histoire, nous sommes en 2019 et c’est l’année du cochon, symbole de prospérité en Chine.
Le prix de la livre de porc a augmenté de 50% en un an. Les consommateurs font la moue, les plus modestes changent même leurs habitudes, la hausse des prix du porc pesant lourdement sur leur budget. En effet, le porc représente deux tiers de la viande consommée en Chine. Cette pression sur les prix est une nouvelle difficulté pour l’économie chinoise, déjà confrontée à un ralentissement et à la guerre commerciale avec les États-Unis. Cette hausse provoque d’importants dégâts, car l’industrie porcine contribue à hauteur d’USD 128 milliards à l’économie nationale. Pékin appréhende évidemment l’effet de cette hausse des prix sur le coût de la vie. La viande de porc, premier poste de dépense dans le panier de l’indice des prix à la consommation (IPC), est en effet un facteur clé de l’inflation; le porc serait ainsi responsable de plus du tiers de la hausse de 2,8% de l’inflation en août.
Cette situation inédite en Chine fait courir un risque de tensions commerciales et sociales, car le porc est un mets de choix particulièrement prisé lors des fêtes chinoises. Or, l’Empire du Milieu célèbre depuis aujourd'hui le 70e anniversaire de la création de la République populaire de Chine. Les autorités tentent de maîtriser l’approvisionnement et d’influer sur les prix en exemptant par exemple le porc américain de surtaxe, ou en débloquant des subventions ainsi qu’un stock stratégique de 10 000 tonnes congelées. Malgré ces mesures exceptionnelles, le retour à l’autosuffisance pourrait prendre cinq à dix ans selon certains économistes.
Sur le marché mondial, ces difficultés d’approvisionnement en Chine sont bien entendu une aubaine pour d’autres pays producteurs, comme le Brésil et la France. Les exportations vers la Chine ont ainsi augmenté d’environ 30% cette année.
L’épidémie touche maintenant huit pays en Asie et pourrait conduire à la plus importante crise mondiale du porc. Il n’existe aujourd’hui aucun vaccin contre la fièvre porcine. Environ 200 millions de bêtes devraient être abattues d’ici la fin de l’année.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 1er octobre 2019