Les opérations de refinancement des sociétés gazières et pétrolières s’annoncent périlleuses.
Au printemps dernier, à la suite de l’effondrement des marchés induit par la crise sanitaire, beaucoup d’entreprises se sont empressées de lever des fonds afin de traverser la tempête. Alors déjà, les créditeurs avaient commencé à examiner de plus près la qualité des débiteurs, notamment en fonction des secteurs dans lesquels ils opéraient.
En fonction de leurs activités, de premières coupes avaient déjà eu lieu. Maintenant, nous rentrons dans la deuxième partie de l’année où ces mêmes bénéficiaires reviennent à la table des discussions pour prolonger leurs emprunts ou pour faire une nouvelle demande de fonds auprès des créditeurs.
Il fut un temps où cela était plus une formalité qu’une mise à l’enquête. Mais voilà. Ce temps-là est bel et bien terminé. Pour le prochain cycle de demandes de crédit, les bénéficiaires vont devoir montrer patte blanche et le secteur dans lequel ils sont actifs fera toute la différence.
Prenons, par exemple, les compagnies opérant dans le milieu du gaz et du pétrole. Ces compagnies, qui, à l’époque, pouvaient emprunter sans se faire trop de soucis, vont être les premières victimes du contexte actuel. En effet, ces sociétés opèrent aujourd’hui avec des prix du brut qui ne couvrent pas le coût d’extraction ou de transformation. Cette situation rend non seulement difficiles les affaires au quotidien, mais elle complique aussi notablement leurs demandes de prêts auprès des créditeurs, car le risque de défaut devient de plus en plus élevé. Malgré un environnement de taux au plancher, le niveau des rendements escomptés lors des opérations de refinancement n’est, en effet, plus l’argument central susceptible de convaincre les investisseurs. La solidité financière des débiteurs est redevenue cruciale.
Au printemps dernier, lors du refinancement, certaines entreprises avaient déjà vu leurs lignes de crédits réduites de 30% à 50%. Ces coupes peuvent entraîner les sociétés concernées dans un cercle vicieux où, par manque de liquidités, elles ne peuvent plus investir dans les secteurs qui leur sont profitables, prétéritant leurs résultats financiers. Par effet boule de neige, ces compagnies licencient du personnel, diminuant ainsi les ressources à disposition en cas de retour à la normale. Dans le pire des cas, certaines d’entre elles devront mettre la clef sous la porte, car elles auront épuisé toutes les possibilités pour rester à flots.
Avec les conditions économiques actuelles, le marché s’attend à voir une augmentation des faillites, surtout dans la tranche de rating dite «High Yield» ayant des notes de rating de BB. Étonnement, à ce jour, les entreprises ayant un rating de B ont une meilleure performance que leurs consœurs avec un rating BB. (Source: Bloomberg)