Jamais le poids des 5 premières capitalisations américaines dans le S&P 500 n’a été aussi important qu’aujourd’hui.
Plus de peur que de mal, en apparence. Après des chutes d’une rapidité sans précédent et des rebonds d’une vigueur inattendue, plusieurs marchés boursiers retrouvent peu ou prou leur niveau de début d’année. C’est le cas de la Suisse et des États-Unis qui emboîtent le pas à une Asie du Sud-Est ayant pris une longueur d’avance. Pour l’essentiel, ce tableau d’ensemble plutôt plaisant est à mettre à l’actif des États et des banques centrales dont les efforts de relance exceptionnels et judicieusement coordonnés ont permis d’éviter une déroute du type de 2008. Néanmoins, sous le verni des indices boursiers pointe une image plus contrastée, conséquence d’un rebond boursier très concentré et marqué par des performances d’une disparité impressionnante.
Depuis l’amorce de la reprise des marchés en mars dernier, les investisseurs ont clairement privilégié les valeurs de croissance et de qualité, et en tout premier lieu les sociétés peu endettées, jouissant d’une solide trésorerie et de perspectives de bénéfices robustes. Le marché américain illustre bien ce phénomène avec un écart de trajectoire patent entre l’indice technologique Nasdaq, en hausse de 19% depuis le début de l’année, et l’indice élargi S&P 500, qui évolue autour de l’équilibre.
Plus spécifiquement, ce sont principalement les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) qui apportent l’essentiel de la contribution positive à ces deux indices américains. En effet, les cinq plus grosses capitalisations des États-Unis ont progressé de 35% depuis le début 2020, tandis que le reste de la cote du S&P 500 a reculé d’environ 4% (voir le graphique ci-dessous). Par leur poids prépondérant dans le Nasdaq, les GAFAM, avec le concours remarqué de quelques autres valeurs comme Tesla, Neftlix ou Nvidia, ont par ailleurs propulsé l’indice technologique bien au-dessus des 10 000 points. Le Nasdaq a enchaîné pas moins d’une trentaine de records depuis le début de l’année.
À la faveur de leur progression récente, le poids des GAFAM représente plus de 40% du Nasdaq et, fait sans précédent, près d’un quart du S&P 500. Il y a deux ans, Apple avait défrayé la chronique en étant la première société à franchir le plafond des 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Aujourd’hui, sa valorisation atteint 1 686 milliards, soit environ 150 milliards de plus que la capitalisation de l’indice suisse SPI (1 524 milliards de dollars). À elles cinq, les GAFAM valent 6 588 milliards de dollars. Pour espérer faire main basse sur elles, il faudrait réunir les PIB cumulés de la France et de l’Allemagne.
Les GAFAM ressortent donc renforcées de la crise du COVID-19 durant laquelle elles se sont révélées comme les relais indispensables pour la poursuite de l’activité économique. Le confinement de 4 milliards de personnes est en effet venu illustrer l’importance de la digitalisation dans nos sociétés et a exacerbé un mouvement enclenché il y a deux décennies.
Si d’aucuns leur souhaitent des lendemains qui déchantent, les GAFAM peuvent s’appuyer sur des modèles d’affaires solides. Innovantes, peu endettées, gorgées de cash, résilientes à l’évolution des taux d’intérêt, elles sont bien armées pour faire face à l’environnement actuel teinté d’incertitude. Leur capacité à dégager des marges opérationnelles élevées et leurs perspectives bénéficiaires plus solides que celles du reste du marché restent leurs meilleurs atouts pour capter l’intérêt des investisseurs.
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