Tout comme les PME, les compagnies globales résistent difficilement aux répercussions de la crise.

MARCHÉS 27 mai 2020

Hertz, moteur à l’arrêt...

Le Covid-19 a eu raison de Hertz. Le groupe de location automobile n’a pas résisté à la chute de ses activités dans les aéroports.

Les répercussions du Covid-19 sur les compagnies globales n’avaient, pour le moment, pas fait les gros titres. C’est le cas depuis la semaine dernière, avec le géant de la location automobile Hertz qui a mis en faillite sa structure nord-américaine. L’arrêt quasi total du secteur aérien, la chute des déplacements privés et professionnels, ainsi que le confinement à l’échelle globale ont eu raison du loueur de voitures. En effet, presque tous les revenus de l’entreprise émanaient de la location dans les aéroports par les personnes en déplacement.

Bilan en chute libre

Outre la chute de revenus, l’un des facteurs importants qui a fait tomber Hertz est son modèle de financement des véhicules de location. La compagnie soit possède les véhicules à 100%, soit les achète en leasing. En cas de baisse d’activité, d’une part, la valeur de la compagnie chute, car la valeur résiduelle des véhicules acquis baisse fortement, pesant ainsi sur le bilan. D’autre part, les loyers des leasings restent dus, bien que le véhicule ne soit plus générateur de cash-flow.

Faute de revenus (-73% pour le mois d’avril) et avec une dette globale d’environ 15,5 milliards de dollars, l’entreprise n’arrive plus à honorer ses dettes et a donc choisi de procéder au «Chapter 11 filling », qui permet à une entreprise américaine de se mettre en faillite avec une protection contre ses créanciers. Ce procédé permet à l’entreprise de continuer à opérer tout en mettant en place un plan de recouvrement. Jusqu’à aujourd’hui, Herz avait réussi à négocier un accord à court terme avec ses créanciers. L’accord a expiré le 22 mai et ces derniers n’ont pas accepté d’aller au-delà de cette date.

Difficile retour sur les marchés

En raison de la situation mondiale du tourisme et de l’aéronautique, qui ne sont pas encore en reprise, et à la fermeture des frontières de nombreux pays de par le monde, la situation pour le loueur de voitures ne semble pas près de s’améliorer. Par ailleurs, ses obligations financières, elles, continuent de suivre leurs cours et deviennent problématiques. En effet, vu la détérioration des conditions financières de la compagnie, un retour sur les marchés pour une levée de fonds devient quasi impossible ou à des conditions telles qu’elles seraient difficiles à honorer et ajouteraient une pression supplémentaire à la situation actuelle.

 À ce jour, Hertz est le premier acteur global à payer le prix fort des répercussions du Covid-19 et il serait trop optimiste de penser qu’il sera le seul. Tout le secteur du tourisme subit une pression extrêmement forte et son retour à des niveaux d’avant-Covid prendra assurément un long moment. Cette situation économique extrême post-Covid est, bien entendu, aussi applicable à bon nombre d’industries. Et l’on se demande qui sera la prochaine victime…

 

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 26 mai 2020