La Banque centrale européenne (BCE) reste à ce jour la seule des principales banques centrales à ne pas évoquer la possibilité d'une remontée des taux en 2022.

MARCHÉS 21 décembre 2021
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Banques centrales: une année 2021 pleine de rebondissements

Bilan de l'action de trois banques centrales en 2021.

Le grand jeu de l’année 2021 aura été de pouvoir prédire ou anticiper les changements de direction effectués par les grandes banques centrales impactant le marché obligataire. Si beaucoup pensaient que 2021 serait l’année des premières remontées des taux, le virus et ses variants en ont décidé autrement.

Aux États-Unis

La Réserve fédérale américaine (Fed), en suivant son guide de Dot plot à ce jour, estime que la première remontée des taux devrait avoir lieu en 2022, tout probablement à la suite de la fin du programme de rachats prévu pour fin mars. Toutefois, le marché est resté dubitatif sur ce calendrier, estimant que l’inflation pourrait ne pas être passagère, comme souvent décrite, et que l’économie serait le frein au plan ambitieux mis en place par la Fed. Si l’économie ne suit pas le rythme, les hausses de taux pensées par la Fed ne pourraient pas se mettre en place. En ce qui concerne les rendements, le FOMC (Federal Open Market Committee) prévoit que le taux directeur devrait remonter de zéro aujourd’hui, à 1,60% fin 2023 et 2,10% fin 2024. Cela reste toutefois une estimation et celle-ci pourrait être revue totalement en très peu de temps.

En Angleterre

La Bank of England (BoE) a décidé la semaine dernière d’arrêter son programme de rachats d’actifs et de laisser flotter les rendements obligataires en fonction de l’offre et le demande. Elle a été aussi la première, à la surprise générale, à remonter son taux directeur en date du 16 décembre 2021, le faisant passer de 0,10% à 0,25%, soit une hausse de 15 points de base. Cet acte est pour le moment en pleine discussion auprès de beaucoup d’investisseurs, car l’Angleterre est loin d’avoir surmonté tous les problèmes économiques auxquels elle doit faire face, sans compter le côté imprévisible du virus. Si la BoE agit comme elle l’entend, nous pourrions voir deux autres remontées du taux directeur en 2022, le ramenant à son niveau prépandémie. À ce jour, les investisseurs sont encore en plein questionnement sur cette stratégie.

En Europe

La Banque centrale européenne (BCE) reste à ce jour la seule à ne pas voir de possibilité de remontée des taux en 2022, pour autant que les conditions économiques restent inchangées. Une remontée en 2023 ne dépendrait que du niveau atteint par l’inflation à ce moment-là. Mais les prévisions faites à ce jour restent en deçà des attentes pour l’inflation, qui devrait stagner autour des 1,8%, soit en dessous de la cible des 2% fixée par la BCE. Pour atteindre ses objectifs, la BCE prévoit de continuer à stimuler l’économie européenne, tout comme la reprise, grâce à une flexibilité des futurs programmes de rachats.

Ces données semblent de bonnes indications, mais le passé nous l’a appris et l’histoire nous le rappelle: rien n’est gravé dans le marbre et tout peut changer en très peu de temps.

Publié dans le commentaire "Matinale Express Marchés" de la salle des marchés de la BCV, le 21 décembre 2021