L’effort commun de reprise et de résilience de l’UE vise notamment à promouvoir l'économie verte et numérique, la jeunesse, l'éducation et la recherche.
L’Union européenne organise sa première opération sous l’ombrelle du programme Next Generation EU: une émission d’obligations communes.
Alors que les économies européennes commencent lentement mais sûrement à rouvrir, d'autres graines semées pendant la pandémie commencent également à germer. L'Union européenne vient de mandater un syndicat de banques pour organiser sa première opération sous l’ombrelle du programme Next Generation EU (NGEU). Ce programme implique l'émission d'environ EUR 800 milliards de titres de créance commune de l'UE sur les marchés mondiaux. Comme l'a écrit Erik F. Nielsen, économiste en chef d'Unicredit, dans son dernier Sunday Wrap, «il s'agira du premier emprunt européen commun d'envergure. [...] Il faut sans doute mettre dûment l’accent sur l’aspect symbolique et important de cette opération – tant pour aider à financer les priorités politiques communes que pour commencer à construire un marché de taux sans risque libellé en euro».
Le NGEU finalise actuellement l’effort commun au sein de l’UE, et la préparation conjointe de plans nationaux, de «reprise et de résilience» avec des orientations communes pour promouvoir, notamment, l'économie verte et numérique, la jeunesse, l'éducation et la recherche. Selon Franco Bruni, de l'Institut italien d'études politiques internationales, l'accent mis sur la résilience dans ces lignes directrices «englobe les financements destinés à soutenir les réformes visant à rendre les économies européennes plus efficaces et mieux adaptées à faire face aux nouveaux défis de l'avenir». Sûrement un objectif remarquable et innovant.
Comme c'est souvent le cas, il faut une crise importante pour déclencher un changement important. La Seconde Guerre mondiale avait donné naissance au plan Marshall, qui joua un rôle déterminant dans le redressement de l'Europe d'après-guerre. Le plan NGEU n'en est encore qu'à ses débuts, mais en tant que premier instrument d'endettement commun, il pourrait être le premier pas vers une augmentation du budget de l'UE et, peut-être même, vers une politique fiscale plus coordonnée.
Enfin, le retour du multilatéralisme lors de la réunion du G7 le week-end dernier représente une excellente opportunité. Si l'harmonie totale n'a pas été atteinte, les chefs d'État sont quand même parvenus à se mettre d'accord pour poursuivre l'expansion budgétaire. Mario Draghi, l'ancien président de la BCE et actuel Premier ministre italien, l'a bien dit: «il existe des arguments convaincants en faveur d'une politique budgétaire expansionniste tout en s'engageant à faire preuve de prudence budgétaire à plus long terme».
Pour l’instant, bienvenue au NGEU.
Par Benjamin Gross, négociateur obligations et taux, BCV
Publié dans le commentaire "Matinale Express Marchés" de la salle des marchés de la BCV, le 15 juin 2021