Le défi sera de produire un hydrogène « vert » à partir d’électricité issue d’énergies renouvelables.
L’hydrogène est régulièrement mis en avant dans les médias comme « l’énergie du futur ». Les performances des piles à combustible et la promesse d’une mobilité partant de l’eau et de l’électricité et ne rejetant que de l’eau suscitent un fort engouement.
En comparaison avec la batterie électrique rechargeable, la pile à combustible à hydrogène bénéficie d’un encombrement et d’un poids moindres, d’une plus grande autonomie et d’un temps de recharge proche de celui nécessaire à un plein d’essence. Cela en fait une solution qui répond parfaitement aux exigences du secteur des transports.
On constate que la plupart des investissements dans la mobilité à l’hydrogène vont vers des mobilités lourdes, collectives ou nécessitant un usage intensif. Pour Christopher Brandon, cofondateur et directeur d’EH Group Engineering, l’accent doit être mis sur les applications qui requièrent une utilisation, une charge utile et une autonomie importantes. C’est le cas des poids lourds, des bus, du secteur maritime, et aussi aérien. Même s’il s’agit là d’un grand défi technique, la densité de puissance gravimétrique élevée de l’hydrogène sera la clé de son rôle dans l’aviation, renchérit-il.
Airbus a en effet dévoilé trois concepts d’appareils zéro émission reposant sur l’hydrogène. Un turbopropulseur (avion à hélices) de type ATR, un monocouloir semblable à un A320, et une aile volante aux airs de bombardier furtif. L’avionneur s'est fixé l’objectif ambitieux de commercialiser ses premiers avions zéro émission d’ici 2035.
Dans le secteur maritime, la société norvégienne Havyard annonçait en 2019 le développement d’un cargo à hydrogène. En 2020, la compagnie danoise DFDS s’engageait dans la construction d’un ferry de très grande taille, d’une capacité de 1 800 passagers, 300 voitures et 120 poids lourds.
Si, en Asie et en Europe, les bus à hydrogène font lentement leur apparition, l’Islande a commencé à en faire circuler depuis 2003. Au niveau du fret routier, la Suisse fait rouler depuis juillet 2020 des camions à hydrogène 36 tonnes. L’entreprise vaudoise Green GT, qui a participé en 2012 aux 24 Heures du Mans avec un bolide à motorisation électrique-hydrogène, s’est engagée dans le programme GOH ! (Generation of Hydrogen !). Avec trois partenaires, Migros, les SIG et Larag, Green GT prépare le lancement d’un camion 40 tonnes, alimenté par de l’hydrogène local produit de manière vertueuse.
Les projets sont là, mais le défi sera de produire de l’hydrogène « vert », car à l’heure actuelle 95% de la production mondiale d’hydrogène, environ 75 millions de tonnes, provient de la séparation de combustibles fossiles (gaz, charbon et pétrole). On parle alors d’hydrogène « gris » (ou « fossile »). L’hydrogène produit par électrolyse est dit « vert » si l’électricité provient d’énergies renouvelables, et dit « jaune » si elle provient de centrales nucléaires.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Marchés" de la salle des marchés de la BCV, le 2 novembre 2021