La Russie est la productrice de gaz la plus importante, avec 20% de la production.
Les prix de nombreuses matières premières subissent une hausse depuis plusieurs semaines. Cela est non seulement inquiétant pour le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi pour l’impact non négligeable sur les économies et la finance en général.
Si les effets sont forcément négatifs pour les pays importateurs, les pays exportateurs devraient en tirer des bénéfices dans un avenir proche. Il y a quelques mois encore, les pays émergents étaient répertoriés comme les marchés les plus sensibles à une probable remontée des taux, et les investisseurs actifs dans une telle classe d’actifs les plus exposés à des pertes de valeur de leur portefeuille. Ensuite, les craintes d’une contagion consécutive à la crise du géant de l’immobilier chinois Evergrande se sont ajoutées à celle des économies émergentes, provoquant des sorties de capitaux ultérieures. Faisant suite à la pénurie de matières premières et à la conséquente hausse de leurs prix, une partie des flux monétaires est maintenant orientée vers les pays jugés potentiellement les plus capables de bénéficier de cette envolée des prix.
D’après la réorientation des flux de marché, il semblerait que les investisseurs privilégient tous les pays producteurs d’énergie, comme, par exemple, la Russie, l’Arabie Saoudite ou encore la Colombie.
La Russie est un choix clair, car elle est la productrice mondiale de gaz la plus importante, avec 20% de la production.. La majoration des prix des exportations bénéficie directement au pays grâce à l’augmentation des réserves monétaires et, indirectement, grâce à l’impact sur le prix des actions des compagnies productrices, aux performances de la bourse de Moscou et, enfin, à l’incidence sur la demande du rouble (Source : www.controle-gaz.be).
L’Arabie Saoudite a des avantages, car elle est la première productrice mondiale de pétrole. Néanmoins, pour l’instant, l’impact local est resté contenu. Si les actions des entreprises énergétiques russes ont bondi de 15% dernièrement, la hausse à Riyad a été limitée à 6,7% (Source : Bloomberg).
Les derniers pays qui profitent de cet élan envers les pays producteurs sont la Colombie et l’Indonésie, qui ont vu l’afflux de capitaux impacter fortement la performance de leur monnaie respective. D’autres pays émergents pourraient encore profiter du rally des prix des matières premières.
Il faudra tout de même rester très prudent, car, avec cette envolée des prix, l’inflation pourrait devenir hors de contrôle, obligeant les banques centrales à intervenir en redistribuant les cartes dans l’économie mondiale, et ces pays pourraient alors en devenir les premières victimes.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 12 octobre 2021