Des conditions météorologiques défavorables ont dopé les prix des céréales.
Sécheresse, inondations, froid… Les conditions météorologiques extrêmes ont dopé les prix des produits agricoles, notamment de l’huile de soja ou du blé.
Après une période de calme relatif, le secteur agricole est reparti à la hausse. Au cours de la semaine dernière, l'indice Bloomberg de l'agriculture a gagné 2,4% pour terminer la semaine à 352,75 points.
Le café arabica, produit principalement au Brésil, a atteint son plus haut niveau depuis fin février dernier et il a bondi de 4,6% la semaine passée. Les conditions météorologiques défavorables, soit une sécheresse pendant la floraison suivie de trop de pluie, en sont la raison. Le mauvais temps au Brésil soutient actuellement les prix du soja, du sucre et du café. Les fortes pluies ont retardé la récolte de soja, tout en exacerbant les embouteillages d'expédition qui ont également un impact sur les flux d'exportation du sucre.
La demande d'huile comestible est actuellement très forte. Le contrat pour mai de l'huile de soja sur le Chicago Board of Trade (CBoT) se négocie ainsi aux environs de 52,15 dollars, son niveau le plus élevé depuis cinq ans. La sécheresse en Argentine, l'un des principaux pays exportateurs de produits transformés à base de haricots, a été l'un des catalyseurs récents à un moment où la demande d'huiles comestibles augmente, de même que la reprise de la demande de biodiesel. En ce qui concerne l'huile de palme, ce sont les pluies diluviennes en Malaisie et en Indonésie ainsi que la pénurie de main-d’œuvre (80% des travailleurs sont étrangers) qui ont entravé le travail dans les plantations et donc pénalisé la récolte.
Pour ce qui est des céréales, la récente vague de froid en Russie et en Europe, et surtout aux États-Unis, a suscité des inquiétudes sur la diminution de la récolte de blé d’hiver et dopé les prix. Certaines denrées plus fragiles qui se transportent en containers, comme le sucre ou le riz, sont par ailleurs victimes de la pénurie de conteneurs. Afin de calmer l'envolée du prix du pain, la Russie a instauré des taxes à l’exportation pour inciter les producteurs à écouler leurs stocks sur le marché intérieur plutôt que de vendre leurs marchandises à l'étranger. Mais cette décision a, effet pervers, accru la hausse des cours sur les marchés internationaux.
La raison première de cette tension sur les marchés agricoles, c'est l'appétit de la Chine qui a importé des volumes record de grains en 2020: plus de 100 millions de tonnes de soja et 20 millions de tonnes de maïs. À titre de comparaison, lors de l’année précédente, elle n’avait acheté que 7,6 millions de tonnes de maïs. Cette demande de grains vise à nourrir le cheptel de porcs, qui se reconstitue après avoir été décimé par la peste porcine en 2019 et 2020. Avec ces importations, Pékin honore également ses engagements d’achats de produits agricoles américains dans le cadre de l'accord de Phase 1 négocié lors de la guerre commerciale, qui avait été signé juste avant la pandémie de COVID-19.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 13 avril 2021